Écritures, billets, nouvelles, contes, brachygrammes, poésies, prosoésies, ludilemmes, romans...

Découvrez les lalbehyrinthes, partez en exploration, perdez-vous éventuellement… Chacun d’eux possède une issue, mais chaque sortie conduit irrémédiablement vers un nouveau dédale. Les textes s’imbriquent et tissent une toile dont le motif général pourrait être le mien, ou celui de tout autre personnage, selon mon humeur. Bref, la vérité est – sans doute – ailleurs, ou ici, ou nulle part.

mardi 21 juillet 2009

Ada (roman - extrait 4)

Je retourne rapidement à la maison, je fouille la cave, parmi quelques jouets de son enfance et d’autres vieilleries, je déniche ledit seau, encore rempli de coquillages. Malgré les années et un soupçon de poussière, il s’en dégage encore cette odeur caractéristique d’iode et de goémons mêlés. Un parfum de mer, un parfum de sel, comme celui des larmes, des lamentations plus corrosives que la salinité de l’océan.
Le temps n’a pas non plus altéré leur aspect, teintes ivoirines, blancheurs nacrées, matités crues. La mémoire se recolle aux coquilles, la marée envahit mes yeux, une marée impérieuse dont la lune sépulcrale exercerait un attrait constant.
Mes doigts courent sur leur surface, comme sur une peau. La granulation est celle du bonheur – obsolète.

Ada, tu disposes les coquillages sur la table. Tu les classes par taille, forme, couleur. Puis tu les agences, tu crées des visages aux oreilles extravagantes, tu disposes des yeux, et de deux couteaux tu inventes les bras.
Des créatures marines et déshydratées prennent vie et toi, tu te joues d’elles, tu les démembres à l’envi, tu les recomposes selon ton caprice. Petites choses, simples et éphémères.

1 Comment:

Chrysopale said...

En parlant de ton roman (dont les extraits propposés sont particulièrement courts)... il est fini ?

Le printemps passe

Les oiseaux crient

Les yeux des poissons portent des larmes
(Bashō Matsuo)
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