Le temps n’a pas non plus altéré leur aspect, teintes ivoirines, blancheurs nacrées, matités crues. La mémoire se recolle aux coquilles, la marée envahit mes yeux, une marée impérieuse dont la lune sépulcrale exercerait un attrait constant.
Mes doigts courent sur leur surface, comme sur une peau. La granulation est celle du bonheur – obsolète.
Ada, tu disposes les coquillages sur la table. Tu les classes par taille, forme, couleur. Puis tu les agences, tu crées des visages aux oreilles extravagantes, tu disposes des yeux, et de deux couteaux tu inventes les bras.
Des créatures marines et déshydratées prennent vie et toi, tu te joues d’elles, tu les démembres à l’envi, tu les recomposes selon ton caprice. Petites choses, simples et éphémères.