vendredi 20 décembre 2013
懐かしい (natsukashii)
Publié par Lal Behi le 20.12.13 0 commentaires
Élémenthèmes : Billet
jeudi 28 novembre 2013
L'effet du frimas
Au fond de moi, une petite voix me fait remarquer, avec une certaine ironie, que le rouge tranche également très bien sur le vert. Et de vert, le pourtour du lac en est couvert. Herbes folles qui courent sous le vent, mousses délicates qui s’enroulent en colimaçon et qui, en d’autres circonstances, auraient été poétiques. Même les troncs des arbustes ont des nuances céladon. Mais je ne vois pas la beauté verdoyante du lieu. Mon regard est fixé sur la surface du lac dont l’immobilité semble me narguer. Même le vent léger qui courbe les herbes ne parvient pas à lui soutirer un sourire. Cette même eau qui paraît si sombre par rapport au vert. Et si froide par rapport au rouge.
Dans ma main, je tiens ledit bonnet, ce qu’il me reste de lui. De mon autre main, je broie l’épaule de Bran qui a failli à son rôle de surveillance - quelle idée aussi de lui confier une telle responsabilité à son âge ! Bien entendu, je devrais appeler les secours, téléphoner à qui de droit, crier vers le lac muet en espérant stupidement qu’il me réponde. Je reste figé, hébété, mes doigts mâchouillent la laine du bonnet - la laine gratte un peu, délicieusement, elle provoquait toujours une légère irritation sur son front.
Je déteste l’automne - j’ai une nouvelle raison de le haïr davantage encore. Pourquoi n’y aurait-il pas un hiver perpétuel ? Un hiver éternellement froid ? Le lac aurait été gelé, enserré d’une glace épaisse et indestructible. On y aurait risqué une chute, quelques bleus, au pire une jambe ou un bras cassés, rien de plus. Et puis la neige figée par la température recouvrirait chaque centimètre carré d’insécurité. Avec une telle couverture, aucun risque de perdre une quelconque tache rouge ; au contraire, la nature et les éléments eux-mêmes en aurait magnifié la couleur.
Mes pieds brûlent de froid comme, sans doute, ceux de Bran. Celui-ci ne bouge pas, il est l’écho de mon mutisme, de ma stupéfaction plutôt. Il règne d’ailleurs partout ce silence exaspérant. Rompu brusquement par un reniflement de Bran, pas même un pleur, juste l’effet du frimas sur son nez. Déclic. D’un mouvement brusque du bras, je repousse Bran et le gifle à toute volée. Bouger enfin est une délivrance - et une horreur. La joue de Bran prend une coloration rouge, d’un rouge presque aussi violent que le bonnet rescapé. L’enfant me regarde de ses yeux ronds, il ne comprend pas, il comprend trop, il est trop tard de toute façon. Mon regard est obnubilé par la teinte de sa joue, rouge comme son bonnet à lui, rouge. Alors tant pis, je le frappe à nouveau, sur l’autre joue, même coloris, même effet. Et encore. Rouge, du rouge encore. Et Bran qui ne pleure même pas.
Du rouge. Lui avait les yeux verts, un peu en amande. Vert comme l’herbe sur laquelle ressort si bien le bonnet qui m’a échappé des mains.
Publié par Lal Behi le 28.11.13 0 commentaires
Élémenthèmes : JPH
mercredi 13 novembre 2013
Le genèse de Bran Iliade
Olli est mon cousin mais, moi, j’ai le poil noir. « Bran, tu es mon corbeau ! » a l’habitude de me dire ma mère en m’ébouriffant les cheveux. Il est certain qu’adulte je serai doté de sourcils broussailleux et d’une poitrine velue. Olli aura toute sa vie une peau glabre.
Pour son anniversaire, Olli a eu un cheval, un petit cheval en bois rouge, d’un rouge si intense que ses cheveux en paraissaient ternis. Il a ouvert son cadeau et, immédiatement, je me suis mis à détester les canassons - sans trop savoir pourquoi. Les enfants agissent dans l’instant, sans se poser la question des conséquences possibles ; le présent se suffit à lui-même. J’ai volé le cheval d’Olli, puis j’ai eu peur d’être pris et, naïvement, je l’ai repeint en bleu pour le rendre méconnaissable. J’ai étalé la peinture tant bien que mal, j’ai taché mes vêtements ; je regardais, fasciné, le rouge chaud s’éteindre sous l’indifférence du bleu. Évidemment, le lendemain, ma tentative de camouflage a été découverte, la couleur n’était pas même sèche. Maudit pigment et maudite cavale ! Olli a pleuré, ses yeux aussi rougis que sa tignasse - sa peau en paraissait plus transparente encore, à un point tel que je voyais à travers elle la rancune qu’il éprouvait pour moi. Ma mère m’a puni, autant pour le larcin que pour mon pull irrémédiablement maculé du coloris accusateur.
Aujourd’hui, je déteste toujours les bourriques hennissantes. Mais j’ai gardé une attirance, sans doute ambivalente, pour les peaux claires et la rousseur en général. On ne vieillit jamais tout à fait, ou pas suffisamment - et lorsque l’on s’en aperçoit, il est de toute façon trop tard. Je n’ai pas revu Olli depuis une bonne décennie, au moins. Quant au cheval de discorde, je ne sais même pas s’il avait pu retrouver sa teinte d’origine. Et comme prévu, j’ai une barbe dure, des cheveux rebelles et une pilosité généreuse.
Je déjeune souvent à la brasserie Regen ; la serveuse est rouquine mais elle a trop de taches de rousseur à mon goût. Je connais Noé, le patron, depuis des années, il m’accueille systématiquement par sa boutade favorite : « Alors, Monsieur Iliade, quelle odyssée ce jeudi (ou ce vendredi, ce samedi, etc.) ? ». Et il éclate de son rire franc. Sous son hilarité, ses dents sont presque aussi blanches qu’est blanche la peau de mon souvenir d’Olli.
J’ai mes habitudes au Regen, je commande sempiternellement le même repas, et j’y mange souvent plusieurs fois par semaine. Que voulez-vous, on est obsessionnel ou on ne l’est pas ! Et ici, hormis la chevelure de la serveuse, pas de rouge, tout est en bois clair, chaleureux et neutre.
Noé m’apporte un apéritif, quelques pistaches, nous discutons. Il sort inutilement son carnet pour noter ma commande.
— Et vous le voulez comment aujourd’hui votre steak de cheval ?
— Bleu.
Publié par Lal Behi le 13.11.13 0 commentaires
Élémenthèmes : JPH
mardi 5 novembre 2013
Épouse-moi
Publié par Lal Behi le 5.11.13 0 commentaires
Élémenthèmes : JPH
dimanche 15 septembre 2013
Voyage, voyage (JPH n°164b)
Jeu littéraire du forum A vos plumes. Écrire un texte dont le sujet est : Vous (ou votre héros ou héroïne) vous apprêtez à
partir en vacance lorsqu’une personne de votre famille ou un proche,
disparaît. « Disparaître » sera pris ici au sens propre et non au sens
de « mourir », même si en fin de compte le disparu (ou la) peut se
révéler mort.
Publié par Lal Behi le 15.9.13 0 commentaires
Élémenthèmes : JPH
Pas du tout (JPH n°164a)
Jeu littéraire du forum A vos plumes : écrire un texte illustrant la photographie suivante.
L’hiver, elle tremble de froid et d’horions.
Personne ne connaît son nom. On aurait pu l’appeler Blanche-Neige mais son Prince n’a rien de charmant. Alors les gens du quartier l’on baptisée Viola, à cause des violettes, ou d’autre chose, allez savoir avec les surnoms…
Viola vend des violettes, voilà ! Tout ça pour quelques allitérations.
Viola vend donc des violettes, ou des bleuets, ou du muguet, d’autres fleurs encore. Ce que le Prince lui octroie de sa main rude. Mais ce que les gens lui achètent le plus, ce sont bien les violettes ; peut-être parce que sa silhouette vulnérable s’accorde avec cette variété. De l’argent contre les violettes, des coups contre son argent – car de l’argent, il n’y en a jamais assez. Quant aux coups, il y en a toujours trop.
Un jour de crise, un jour d’inflation, le Prince a échangé les piécettes contre trop de coups. Il a perdu au change, elle a perdu la vie. Le Prince a sur les bras le corps inerte de Viola et une charrette de violettes, une cargaison qui vaut bien quelques dizaines de pièces – et presque autant de coups. À la mise en bière, tout le quartier est là. Le visage de Viola a viré au bleuâtre, en totale harmonie avec les bleus qui émaillent son cadavre, à l’extérieur et au-dedans. Chacun a accepté la version de la chute dans les escaliers et le Prince échange les violettes contre la culpabilité des voisins et un peu de leur monnaie. Certains déposent les fleurs dans le cercueil, tout autour du cadavre – la pièce est suavement parfumée. Pauvre Viola qui ne sentait déjà rien de son vivant. Sauf les coups.
Quand on descend le cercueil dans le trou, d’aucuns y jettent des pétales violettes. Puis il se met à pleuvoir doucement, à l’image des pleurs de l’assemblée, parcimonieux. La pluie colle les pétales sur le couvercle, comme si le bois lui-même se couvrait à son tour d’ecchymoses minuscules, comme si celles de Viola le transperçaient pour surgir au dehors. Le Prince a vendu toutes les violettes, sans exception – c’est sans doute la première fois que la charrette revient entièrement vide. Dans sa poche résonnent les pièces, dans son crâne ne résonne aucune trace de responsabilité. Ni aucune raison d’ailleurs. Et dans ses mains, les montants de la charrette qu’il traîne, avec lenteur, ses mains pleines d’échardes entrées dans la chair, pleines de coups rentrés, prêts à jaillir.
Le Prince trouvera une autre Viola. Les Viola vendent des violettes, voilà tout. Les Princes en comptent les pétales, ou les effeuillent, un peu, beaucoup, etc., jusqu’à pas du tout.
Publié par Lal Behi le 15.9.13 1 commentaires
Élémenthèmes : JPH
mercredi 3 juillet 2013
Chat noir, chien blanc (JPH n°162)
Jeu littéraire du forum A vos plumes : écrire un texte sur le thème "un conte sous le baobab".
Publié par Lal Behi le 3.7.13 0 commentaires
Élémenthèmes : JPH
lundi 17 juin 2013
COIN ! (JPH n°161)
Jeu littéraire du forum A vos plumes : écrire un texte dans lequel le narrateur se réveille de façon inattendue à bord d'un vaisseau spatial. Ledit narrateur devra être un individu ordinaire d’aujourd’hui et le seul protagoniste humain.
Publié par Lal Behi le 17.6.13 1 commentaires
Élémenthèmes : JPH
vendredi 7 juin 2013
L'art d'accommoder les pestes (JPH n° 160)
Jeu littéraire du forum A vos plumes (proposé par moi-même) : écrire un texte dont au minimum la scène la plus importante devra être centrée sur la préparation d'un aliment ou d'un plat. Contrainte supplémentaire : utiliser au moins trois expressions contenant des noms d’animaux comme un temps de chien, poser un lapin, avaler une couleuvre, etc.
Évidemment, la première fois que Luc m’a vu découper sa petite amie du moment, il a été un peu choqué. Il s’est même permis des critiques mais elles ont glissé sur moi comme l’eau sur le dos d’un canard. Tout ça, c’est pour son bien. Et ne croyez pas que je sois ce genre de mère possessive qui veut absolument garder son fils pour elle ! Vraiment pas. Mais cette fille était trop grasse. D’habitude, je donne les os aux chiens et je fais des bougies avec la graisse ; là, j’ai de quoi faire un cierge pascal grand modèle !
J’ai mis l’oignon à dorer dans l’huile d’olive, l’odeur a recouvert celle de la viande froide. Et il y en a une telle quantité ! Assez pour le bourguignon de dimanche (et pourtant, nous serons dix-huit à table). Je vais même pouvoir en congeler. Mais avec un fils chaud lapin, il va falloir penser à investir dans un congélateur de taille industrielle.
J’ai découpé les cuisses en premier, enlevé la peau sans difficulté, cette peau que Luc avait caressée. Une peau flasque ; cette grue avait sans doute déjà vu le loup bien des fois, et toute la meute. Après avoir consciencieusement réduit la viande en cubes réguliers, je l’ai jetée dans la cocotte où elle a émis son grésillement caractéristique. J’ai ajouté du thym frais, quelques tours de moulin à poivre, deux ou trois gousses d’ail et – secret transmis par ma mère – un trait d’armagnac qui, en plus du vin, lui donnera une saveur unique. Mais c’est un ingrédient de fabrication que je garde pour moi, ce n’est pas demain que le chat sortira du sac.
Avec la précédente, j’avais confectionné un énorme pâté en croûte qui avait ravi tout le monde ; même Luc m’avait félicitée. Il me fait si rarement des compliments ; j’étais aussi heureuse qu’un singe avec sa queue. Il faut dire qu’en matière de cuisine, Luc s’y entend comme un coq pour pondre des œufs. Dans ce domaine, il ne tient pas de moi, c’est évident ! Heureusement que je suis toujours là pour lui procurer une alimentation équilibrée, riche en protéines. Mais je n’oublie pas les recommandations du Ministère de la santé pour autant : j’ai épluché des carottes – l’idéal avec le bourguignon.
J’ai touillé le contenu de la cocotte, ajouté un peu de piment (la viande peut être si fade parfois), mis le couvercle et baissé le gaz ; la cuisson à feu doux est la clef de la réussite. Puis j’ai fini mon opération d’équarrissage, un travail titanesque, je soufflais comme un phoque. J’ai mis chaque morceau dans un sac congélation dûment étiqueté et daté ; pas question d’ingurgiter quelque chose de périmé ! J’ai réuni les os et les abats pour les bêtes – j’avais déjà mis le sang en bouteille, mais je n’avais pas le courage de faire du boudin dans l’immédiat. Rien ne presse de toute façon car, comme me le répétait souvent mon père, un porc acheté à crédit grogne tout l’année.
Publié par Lal Behi le 7.6.13 0 commentaires
Élémenthèmes : JPH
lundi 20 mai 2013
Bleue comme une orange (JPH n°159)
Jeu littéraire du forum A vos plumes ; écrire un texte sur le thème de l'eau ne contenant pas les mots suivants, ainsi que tous leurs dérivés (verbes, substantifs, adjectifs...) : eau, couler, reflet, pluie, liquide.
Publié par Lal Behi le 20.5.13 0 commentaires
Élémenthèmes : JPH
mercredi 10 avril 2013
Férir (JPH n°156)
Jeu littéraire du forum À vos plumes - écrire un texte incluant un téléphone sonnant en pleine nuit, et ce au milieu du texte (à une centaine d'espaces près), élément qui devra être inattendu et jouer un rôle important dans le texte.
Publié par Lal Behi le 10.4.13 0 commentaires
Élémenthèmes : JPH
mardi 26 mars 2013
Parcours du combattant (JPH n°155)
Ouch ! Quelle secousse ! Cet abruti a bien failli faire une fausse route – il faut dire, quelle idée de courir de la sorte avec quelque chose dans la bouche… Attention, négocions habilement l’entrée dans l’œsophage… Oups, de justesse… Ça va un peu vite pour moi là dedans ! Évidemment, mes concepteurs n’ont pas jugé utile de me doter de bras (ou quelque chose dans le même genre), alors c’est parti pour 45 secondes de descente verticale. Encore une chance qu’en courant comme ça il n’ait pas de remontée gastrique !
Bon, arrivée jusqu’à l’estomac sans dommage. Décidément, je n’aime pas cet endroit et Jake a un goût évident pour la malbouffe. Heureusement, ce coup-ci, j’ai un revêtement optimal ; la dernière fois, j’ai manqué d’être dissout par l’acide gastrique et la pepsine. Quand je pense à ces puces qui se plaignent d’être tout simplement placées sous la peau… Voyons, le chyme se met en mouvement, il s’agit de suivre son cours qui n’est, comme dirait l’autre, jamais paisible. Maintenant, atteignons l’intestin grêle – pas de souci, je suis un professionnel du passage de pylore. Et hop ! en beauté ! Et c’est parti pour 7 mètres de péristaltisme forcené, mais satané duodénum, je hais la bile !
Aïe ! Mais qu’est-ce qui se passe ? Ma parole, ce crétin de Jake est en train de se faire tabasser. Ça va être coton pour avancer incognito, on dirait que toutes ses villosités se sont donné le mot pour m’arrêter ! Mais barre-toi donc Jake ! Ah, tout de même ! Là, je parierais qu’il galope à nouveau, et comme un dératé. Il ne faudrait pas qu’il attrape une balle au vol, les hémorragies ne sont jamais bonnes pour mon avancement.
Allez, encore un goulet d’étranglement… pas terrible ce cæcum… Mais je ne vois pas l’appendice ! Quand je pense que Jake affirme qu’il n’a jamais subi d’opération ! Ben mon côlon, ça sent pas la rose ici ! Et allez escalader un intestin ascendant sans bras ! Si je n’ai pas une médaille pour ça ! Mais, ce ne serait pas des polypes ça ? Et toute une colonie encore ! Ma parole, l’ennemi est dans la place – faufilons-nous habilement, l’air de rien, mimons l’étron… Hmm, même les bactéries n’ont pas l’air très amical dans ce coin. Heureusement, il n’y a plus de mouvements superflus, Jake a dû s’arrêter quelque part.
Oh ! Rectum en vue ! Je suis au bout de ma course – j’espère ne pas avoir été suivi, difficile de s’y retrouver ici, il y a un monde fou et les polypes sont des rusés, ils passent le plus souvent inaperçus. Courage, c’est ma dernière ligne droite. Quand je pense que certains appellent ça l’ampoule rectale ; tu parles d’une ampoule, il fait noir comme dans un four. Ah non, ça y est, j’aperçois de la lumière au bout du tunnel, je vais pouvoir respirer. Il n’y a plus qu’à se laisser glisser habilement – gare à la chute ! Mais, mais… que vois-je ? Non, pas ça ! pas ça ! Non, pas les hémorroïdes !!!...
Publié par Lal Behi le 26.3.13 1 commentaires
Élémenthèmes : JPH