Écritures, billets, nouvelles, contes, brachygrammes, poésies, prosoésies, ludilemmes, romans...

Découvrez les lalbehyrinthes, partez en exploration, perdez-vous éventuellement… Chacun d’eux possède une issue, mais chaque sortie conduit irrémédiablement vers un nouveau dédale. Les textes s’imbriquent et tissent une toile dont le motif général pourrait être le mien, ou celui de tout autre personnage, selon mon humeur. Bref, la vérité est – sans doute – ailleurs, ou ici, ou nulle part.

dimanche 4 décembre 2011

La paix des ménages

Un conte pour les enfants ?

Il était une fois une petite fille nommée Albany qui avait vraiment un très sale caractère. Parce que c’était le jour de son anniversaire, elle entraîna sa mère dans les bois pour aller chez sa grand-mère car elle était sûre que celle-ci lui donnerait un cadeau. La mère d’Albany était fatiguée et aurait préféré rester chez elle, mais la petite fille était capricieuse et ne voulut rien savoir. De plus, comme elle trouvait que le trajet était trop long et que sa mère traînait des pieds, Albany ne cessait de râler en employant tout un tas de mots grossiers.
Soudain, au détour d’un sentier, Albany et sa mère tombèrent nez à nez avec un loup (c’est d’ailleurs ce à quoi il faut s’attendre lorsqu’on se promène en forêt). Mais il ne s’agissait pas de n’importe quel loup, c’était le loup le plus grand et le plus vorace qu’on ait jamais vu, avec un poil sombre et emmêlé et des dents longues comme des couteaux de cuisine. Évidemment, la bête se jeta sur Albany, lui arracha la tête d’un coup de patte et dévora le reste du corps en une seule bouchée. La mère d’Albany, terrorisée s’enfuit en courant.
De retour dans sa maison, elle annonça la terrible nouvelle à son mari et tous deux pleurèrent la mort d’Albany. Cependant, les jours passèrent et les parents trouvèrent leur demeure bien calme sans les cris et les ronchonneries constants de leur fille. Ils pouvaient à nouveau discuter sans entendre de hurlements, vivre dans des pièces sans désordre et sortir le soir sans avoir à payer une baby-sitter qui coûtait un bras. Ils étaient si heureux qu’ils renoncèrent bien vite à avoir un autre enfant.
Les parents de feue Albany avaient des voisins que leurs trois enfants faisaient constamment tourner en bourrique. Ils eurent pitié d’eux et leur racontèrent comment le loup avait radicalement changé leur vie en y apportant enfin de la tranquillité. Les voisins conduisirent donc leurs rejetons dans la forêt où, comme il fallait s’y attendre, le loup les dévora (en trois bouchées cette fois-ci). À son tour, l’heureux couple redécouvrit le plaisir d’une vie paisible. Peu à peu, le bouche à oreille se répandit dans toute la ville et presque tous les parents finirent par se rendre en forêt, offrant parfois au loup en plus de leurs enfants un gâteau au chocolat ou des cigarettes.
Malheureusement, même si le loup était énorme et goulu, il devint gros et gras et éprouvait de plus en plus de difficulté à finir les enfants qu’il commençait. Enfin, un jour qu’il dévorait un garçonnet particulièrement odieux, il eut une indigestion importante et mourut, au grand désespoir des parents qui ne s’étaient pas encore débarrassés de leur progéniture. C’est depuis ce jour et la disparition de ce pauvre loup mort de ses excès que les parents sont à nouveau obligés de supporter le mauvais caractère et les caprices de leurs enfants.
Mais tout espoir n’est pas perdu puisqu’on raconte qu’une association, sans doute d’utilité publique, se bat pour la réintroduction des loups dans nos contrées…

Le printemps passe

Les oiseaux crient

Les yeux des poissons portent des larmes
(Bashō Matsuo)
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