Écritures, billets, nouvelles, contes, brachygrammes, poésies, prosoésies, ludilemmes, romans...

Découvrez les lalbehyrinthes, partez en exploration, perdez-vous éventuellement… Chacun d’eux possède une issue, mais chaque sortie conduit irrémédiablement vers un nouveau dédale. Les textes s’imbriquent et tissent une toile dont le motif général pourrait être le mien, ou celui de tout autre personnage, selon mon humeur. Bref, la vérité est – sans doute – ailleurs, ou ici, ou nulle part.

mardi 26 mars 2013

Parcours du combattant (JPH n°155)

Jeu littéraire du Forum À vos plumes : écrire une histoire d'espionnage commençant par un microfilm avalé. 

 Je jurerais avoir vu un plombage, et qui dit plomb dit environnement toxique – personne ne m’avait prévenu ! C’est toujours comme ça à l’Antenne : « Tu vas faire équipe avec Jake » et aucun détail. Et franchement, Jake avale trop vite ; je n’ai pas passé plus de 4 ou 5 secondes dans sa bouche (d’où mon approximation quant à son taux saturnin). Mais si j’ai raison, cela promet pour la suite !  
Ouch ! Quelle secousse ! Cet abruti a bien failli faire une fausse route – il faut dire, quelle idée de courir de la sorte avec quelque chose dans la bouche… Attention, négocions habilement l’entrée dans l’œsophage… Oups, de justesse… Ça va un peu vite pour moi là dedans ! Évidemment, mes concepteurs n’ont pas jugé utile de me doter de bras (ou quelque chose dans le même genre), alors c’est parti pour 45 secondes de descente verticale. Encore une chance qu’en courant comme ça il n’ait pas de remontée gastrique !  
Bon, arrivée jusqu’à l’estomac sans dommage. Décidément, je n’aime pas cet endroit et Jake a un goût évident pour la malbouffe. Heureusement, ce coup-ci, j’ai un revêtement optimal ; la dernière fois, j’ai manqué d’être dissout par l’acide gastrique et la pepsine. Quand je pense à ces puces qui se plaignent d’être tout simplement placées sous la peau… Voyons, le chyme se met en mouvement, il s’agit de suivre son cours qui n’est, comme dirait l’autre, jamais paisible. Maintenant, atteignons l’intestin grêle – pas de souci, je suis un professionnel du passage de pylore. Et hop ! en beauté ! Et c’est parti pour 7 mètres de péristaltisme forcené, mais satané duodénum, je hais la bile !  
Aïe ! Mais qu’est-ce qui se passe ? Ma parole, ce crétin de Jake est en train de se faire tabasser. Ça va être coton pour avancer incognito, on dirait que toutes ses villosités se sont donné le mot pour m’arrêter ! Mais barre-toi donc Jake ! Ah, tout de même ! Là, je parierais qu’il galope à nouveau, et comme un dératé. Il ne faudrait pas qu’il attrape une balle au vol, les hémorragies ne sont jamais bonnes pour mon avancement.  
Allez, encore un goulet d’étranglement… pas terrible ce cæcum… Mais je ne vois pas l’appendice ! Quand je pense que Jake affirme qu’il n’a jamais subi d’opération ! Ben mon côlon, ça sent pas la rose ici ! Et allez escalader un intestin ascendant sans bras ! Si je n’ai pas une médaille pour ça ! Mais, ce ne serait pas des polypes ça ? Et toute une colonie encore ! Ma parole, l’ennemi est dans la place – faufilons-nous habilement, l’air de rien, mimons l’étron… Hmm, même les bactéries n’ont pas l’air très amical dans ce coin. Heureusement, il n’y a plus de mouvements superflus, Jake a dû s’arrêter quelque part.  
Oh ! Rectum en vue ! Je suis au bout de ma course – j’espère ne pas avoir été suivi, difficile de s’y retrouver ici, il y a un monde fou et les polypes sont des rusés, ils passent le plus souvent inaperçus. Courage, c’est ma dernière ligne droite. Quand je pense que certains appellent ça l’ampoule rectale ; tu parles d’une ampoule, il fait noir comme dans un four. Ah non, ça y est, j’aperçois de la lumière au bout du tunnel, je vais pouvoir respirer. Il n’y a plus qu’à se laisser glisser habilement – gare à la chute ! Mais, mais… que vois-je ? Non, pas ça ! pas ça ! Non, pas les hémorroïdes !!!...

Le printemps passe

Les oiseaux crient

Les yeux des poissons portent des larmes
(Bashō Matsuo)
Accueil

Retour à l'haut de page