Écritures, billets, nouvelles, contes, brachygrammes, poésies, prosoésies, ludilemmes, romans...

Découvrez les lalbehyrinthes, partez en exploration, perdez-vous éventuellement… Chacun d’eux possède une issue, mais chaque sortie conduit irrémédiablement vers un nouveau dédale. Les textes s’imbriquent et tissent une toile dont le motif général pourrait être le mien, ou celui de tout autre personnage, selon mon humeur. Bref, la vérité est – sans doute – ailleurs, ou ici, ou nulle part.

mercredi 14 juillet 2010

Savinienne et la preuve par trois - 17

Savinienne feuillette un magazine, survole de son doigt croche les photographies, trace des signes invisibles sur les silhouettes, bouche les regards de son index.
Page après page, elle poursuit son manège hypnotique. Enfin, elle reste en suspens devant le portrait d’une célébrité, chanteur ou acteur d’un art théâtral. Le personnage est grimé d’étrange façon, son costume est ambivalent, son sexe même reste indéterminé – particularité de l’époque qui surprend Savinienne. Elle s’interroge, oblique la tête dans un geste mesuré.
Je l’interroge sur le genre de l’individu. Est-ce un homme ? Est-ce une femme ?
Et Savinienne de répondre : « Aucun des trois ! »

lundi 5 juillet 2010

Harangue de bois (JPH n°90)

Jeu à consignes du forum À vos plumes : écrire un monologue en incluant les mots bourlingueur, agénésie, acter, abat-jour, polisson et bobiner.

Peuple servile,
Notre patrie traverse une période de gabegie et de marasme ; j'ai entendu vos cris, j'ai compris vos tourments. Bien que cela me soit pénible, mon devoir est de nommer les responsables de ce désordre. Et ce devoir qui est le mien est aussi le vôtre ! Dès à présent, je vous enjoins – que dis-je ? – je vous ordonne de m’apporter votre soutien dans cette lutte contre la fourberie et la paresse, contre tous ceux qui vous spolient et utilisent notre grand pays à leur propre fin. Ne les laissons pas devenir l’abat-jour qui annihile la lumière de notre société.
Je ne vanterai jamais assez les vertus de la délation ! Dénoncer les fauteurs de trouble ne saurait être une besogne inique, non ! c’est acter en citoyen responsable, c’est me donner toute la latitude nécessaire pour exercer le pouvoir pour lequel j’ai été désigné. Seuls des esprits polissons y verraient une tyrannie ; n’écoutez pas ces individus chagrins ! Ralliez-vous à mon bras fort, à mon poing solide, à ma volonté inébranlable !
Haro, donc, sur ces intrus qui bobinent les fils de la révolte et tissent la toile de la haine envers notre suprême nation ! Ne les laissez pas vous prendre dans leurs rets, fuyez leurs manigances qui ne conduisent qu’à la prison ou à la mort ! Ces êtres vils sèment dans nos âmes un vent stérile et nous ne pouvons tolérer qu’une telle agénésie s’empare de nous ! Aussi, pointons ensemble du doigt l’ennemi ! Aux charmes des bourlingueurs qui nous conduisent loin de nos foyers, préférons la tâche austère, mais ô combien gratifiante, du travail accompli pour le seul profit de notre communauté et de ses membres méritants !
Déclarons la guerre à ceux qui nous sont hostiles ! Ne permettons aucune ingérence des étrangers donneurs de leçons ni de nos compatriotes dont le cœur a été obscurci par des velléités d’indépendance ou par les feux illusoires de pérégrins conquérants ! À ceux-là, je dis « Repentez-vous ou mourez ! » Notre fière nation n’a que faire des faibles, des chétifs et des valétudinaires de toutes sortes ! Érigeons une société de fer qui piétinera les mal-pensants et les hérétiques ! Le temps n’est plus aux tergiversations ni à l’aboulie, traquons les traîtres à leur propre race, les parjures à leurs frères et bâtissons notre majesté, quel qu’en soit le prix ! Et que ceux qui se dressent sur notre chemin soient abattus comme les chiens qu’ils sont !
Peuple servile, j’étais votre conseiller, je serai votre guide ! J’étais votre père, je serai le maître qui récompense et qui punit ! À ceux qui trimeront pour la grandeur de notre terre, je garantis une protection sans faille et ma reconnaissance ; à ceux qui ne sauront trouver leur place dans notre collectivité, j’offrirai des possibilités de rédemption, je m’efforcerai à leur redressement. Mais contre ceux qui tentent de contrecarrer nos projets, je jure de me battre sans répit et de leur faire subir la répression sanglante qu’ils méritent car tel est le prix de votre sécurité et de notre apothéose !
L’état a besoin d’un homme fort et je serai celui-là ! Peuple servile, travaillons ensemble à la glorification de notre nation et celle de son représentant incontesté aux yeux du monde !

samedi 3 juillet 2010

Quintils des six éléments (Feu - 28)

Feu mes ancêtres
Tous dévorés par les fournaises
Tous dévorés par les petits plaisirs
Tous penchés
Inaturelle et vile, ma généalogie

Le printemps passe

Les oiseaux crient

Les yeux des poissons portent des larmes
(Bashō Matsuo)
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