Écritures, billets, nouvelles, contes, brachygrammes, poésies, prosoésies, ludilemmes, romans...

Découvrez les lalbehyrinthes, partez en exploration, perdez-vous éventuellement… Chacun d’eux possède une issue, mais chaque sortie conduit irrémédiablement vers un nouveau dédale. Les textes s’imbriquent et tissent une toile dont le motif général pourrait être le mien, ou celui de tout autre personnage, selon mon humeur. Bref, la vérité est – sans doute – ailleurs, ou ici, ou nulle part.

vendredi 20 décembre 2013

懐かしい (natsukashii)

Amélie Nothomb part en voyage en Nostalgie ; est-elle pour autant heureuse ? Pour les besoins d’un reportage télévisuel, Melle Nothomb (suis-je encore politiquement-correctement autorisé à dire « Mademoiselle » ?), retourne au Japon - après plus de quinze ans - où elle retrouve les lieux de son enfance (du moins ce qu’il en reste après l’intervention d’un séisme et de la subjectivité des souvenirs), sa nourrice et son amoureux d’antan, déjà croisé dans ses romans. 
Il plane dans ce récit un je-ne-sais-quoi d’aérien, de tendre, de drôle, d’émouvant ; car toutes les émotions sont au rendez-vous, délicates comme l’o-hanami (litt. regarder les fleurs), émerveillement de la floraison des cerisiers. 
On y parle évidemment de nostalgie ; et l’on découvre, avec un étonnement que partage l’auteur, les deux termes distincts de ノスタルジック (nosutarujikku - version nipponisée de l’anglais nostalgic) et de 懐かしい (natsukashii), le premier adjectif désignant une nostalgie empreinte de regrets, propre à l’Occidental, tandis que le second symbolise la fameuse nostalgie heureuse que connaît le Japonais, douce et colorée de souvenirs délicieux. Ce plaisir nous serait-il vraiment refusé ? 
Si j’étais un éditeur avisé (ou un amateur éclairé), j’éditerai un coffret spécial Noël-nippon incluant Stupeurs et tremblements, Ni d’Ève ni d’Adam et ladite Nostalgie heureuse, trois excellents crus décalés, japonisants et touchants. À défaut, empruntez-les à votre voisin(e) ou votre bibliothèque. Et ce je-ne-sais-quoi que j’évoquais n’est peut-être que l’aile de cette nostalgie dont mon cerveau s’est demandé, pendant toute la lecture, si elle était dans mon cas heureuse ou non…

Le printemps passe

Les oiseaux crient

Les yeux des poissons portent des larmes
(Bashō Matsuo)
Accueil

Retour à l'haut de page