Écritures, billets, nouvelles, contes, brachygrammes, poésies, prosoésies, ludilemmes, romans...

Découvrez les lalbehyrinthes, partez en exploration, perdez-vous éventuellement… Chacun d’eux possède une issue, mais chaque sortie conduit irrémédiablement vers un nouveau dédale. Les textes s’imbriquent et tissent une toile dont le motif général pourrait être le mien, ou celui de tout autre personnage, selon mon humeur. Bref, la vérité est – sans doute – ailleurs, ou ici, ou nulle part.

vendredi 14 décembre 2012

Ma mère et les tigres

Un tigre a posé sa patte lourde 
Et d’un coup de griffe imprévu 
Elle est devenue sourde 
Elle a perdu la vue 
Le tigre ronronne 
En boule comme un vieux chat 
Inoffensif – qui s’étonnera 
Si en elle rien ne raisonne 
Sauf le glas

samedi 10 novembre 2012

Science/(IN)CONSCIENCE (JPH n°156)

Jeu littéraire du forum A vos plumes. Thème : rupture. 

D’un point de vue strictement scientifique, LORSQUE LE BATEAU SE BRISA, la mer – IL Y EUT l’eau de mer en particulier UN CRAQUEMENT (mais la science TERRIFIANT différencie-t-elle ces deux notions QUE MÊME LA CLAMEUR ?) – est composée d’oxygène DE LA TEMPÊTE et d’hydrogène, pas même en quantité égale et, surtout, de sel NE PARVINT PAS À COUVRIR, environ trois virgule cinq pour cent du volume total. D’un autre côté LE PONT QUI, ces valeurs n’ont POURTANT guère de sens lorsque l’on navigue, ACCUSAIT DÉJÀ sauf DES ANGLES SAUGRENUS si l’on est conduit à boire la tasse, ADOPTA UNE PERSPECTIVE IMPOSSIBLE, événement dans lequel LA GRAVITÉ M’ENTRAÎNA la salinité de l’eau de mer tient une part importante, INEXORABLEMENT, gustativement parlant L’EAU GLACÉE ME COUPA LE SOUFFLE. On appréciera L’INSTINCT DE SURVIE surtout OU LES MOUVEMENTS DÉSORDONNÉS l’océan DE MES MEMBRES (joli mot ME RAMENÈRENT, hautement – PROVISOIREMENT – poétique, qui évite VERS LA SURFACE la répétition de « mer » - seuls JE SENTIS UNE DOULEUR VIVE DANS les susdits scientifiques distinguent les deux termes) pour son aspect poétique, sa surface limpide, LA JAMBE ET ses reflets étales TOUJOURS ET PAR-DESSUS TOUT, parfois LE HURLEMENT DU VENT, LE FRACAS DES VAGUES, troublés d’oiseaux marins ou LES COUPS DE BOUTOIR DE L’OCÉAN APPAREMMENT DÉCIDÉ de navires marchant de droite à gauche À NE RIEN ÉPARGNER DE MOI. OU Le rationalisme DE MON EMBARCATION nous clame la non-potabilité de l’eau de mer ; IL Y EUT UN NOUVEAU GRINCEMENT SINISTRE, fort heureusement, LE MÂT – OU quelque ménestrel trouva TOUTE AUTRE PARTIE – autrefois la parade CÉDA, à cet inconvénient S’ÉCROULA DANS MA DIRECTION, ÉCRASANT AU PASSAGE MES MAINS en deux vers QUI LÂCHÈRENT LEUR PRISE : « L’eau, JE SOMBRAI, l’eau partout, COMME MON NAVIRE, et pas AVEC UNE CERTAINE GRÂCE une goutte à boire. », deux vers ET LA VOLUPTÉ DE L’ABANDON, nécessaires et suffisants. La poésie DANS L’OCÉAN sera toujours CURIEUSEMENT plus forte que la science – UN CALME RELATIF RÉGNAIT du moins, espérons-le ! SOUS LA SURFACE, En un mot, LA DOULEUR DE MES MAINS BROYÉES la mer est lisse, ÉTAIT MÊME en deux, ANESTHÉSIÉE PAR LE FROID DE L’EAU. elle est également résistante, UN CALME EFFECTIVEMENT RELATIF PUISQUE, en trois, L’APNÉE RÉFLEXE elle se veut PASSÉE, maternelle, en quatre MES POUMONS S’EMPLIRENT, etc. DE LIQUIDE ou ad lib., UN LIQUIDE deux formes BRÛLANT ET TOXIQUE ; distinctes et différentes MON CORPS S’ENFONÇA mêlant l’abréviation VERS LES PROFONDEURS et la continuation, élégant antagonisme TELLE UN MÉDUSE MISÉRABLE. En somme ET DÉSARTICULÉE, la mer est flots, LÀ OÙ NI gouffre ou abîme LA POÉSIE, essaim, déluge ou multitude, NI LA SCIENCE onde et océan NE SAURAIENT ME SAUVER, toute porte ouverte à l’imagination.

lundi 7 mai 2012

Fleuves impassibles (JPH n°134)

Jeu littéraire du forum À vos plumes : écrire un texte dont l'action se déroule dans un café, un bistrot ou un restaurant. 

Ce fut exactement au moment où je détachais le premier filet de ma sole que je vis passer le poisson au milieu du restaurant. Le poisson en question – mon poisson, à tout le moins celui que je suivais des yeux – flottait dans l’espace, à hauteur d’épaule de convive (considérant un convive assis, bien entendu), aussi à l’aise que s’il avait ondulé entre deux eaux. L’animal m’était d’une espèce inconnue, mais j’étais tout à fait ignorant en ichtyologie, sauf à envisager en guise de connaissance la sole que je m’étais apprêté, quelques minutes auparavant, à dévorer et dont, interrompant mon geste à l’apparition saugrenue qui s’offrait à moi, j’avais abandonné la découpe. 
Edwige, assise en face de moi et qui massacrait allègrement son rouget aux câpres, surprit mon mouvement suspendu (et sans doute également mon air hébété) et me lança une remarque acerbe, certainement pour camoufler la difficulté qu’elle éprouvait à dépiauter correctement sa bestiole ou, qui sait, jalouse de la précision avec laquelle j’avais levé mon filet. Je jetai sur elle un regard vitreux ; la sole n’était d’évidence pas le seul poisson que je connusse, j’aurais pu, en l’occurrence, y ajouter le thon ou la morue ! Aussi, afin de ne pas perdre la face, je récitai les deux premiers vers – ô combien de circonstance ! – qui me traversèrent l’esprit : 
«J’aurais voulu montrer aux enfants ces dorades 
Du flot bleu, ces poissons d’or, ces poissons chantants. » 
Et je fixai Edwige d’une prunelle pénétrée de poésie, comme si Érato m’avait elle-même inspiré ces deux alexandrins. Le poisson qui m’avait troublé avait disparu sans que je m’en fusse même aperçu et, pas plus que les autres consommateurs, Edwige ne semblait l’avoir remarqué. C’était une sceptique par nature, je ne lui dis rien de la vision pisciforme que j’avais eue et, devant l’air goguenard qu’elle arbora en réponse à mes vers, je supposai qu’elle ne savait rien non plus de Rimbaud et de son bateau ivre. Pourtant, d’ivresse point ! Je n’avais bu qu’un verre d’eau – mais l’eau n’était-elle pas justement l’élément de la bête en question ? À moins que je ne fusse déjà passé dans un monde parallèle, peut-être avant-goût de l’autre, et que l’œil noyé du poisson ne fût que le prélude d’une saison en enfer. 
Les reliefs du malheureux rouget, sur lequel elle s’était acharnée au prix d’une lutte sans merci, parsemaient l’assiette d’Edwige, Edwige qui pérorait sans que je l’entendisse ni qu’aucune arête vicieuse n’eût eu l’idée de s’aventurer dans sa gorge logorrhéique. Je reposai mes couverts, renonçant à continuer plus avant l’écorchage de ma sole. J’avais la bouche sèche, je tendis mes mains fébriles vers mon verre que j’avalai d’un trait. Je réalisai trop tard l’imprudence de mon geste, j’avais absorbé la quantité de liquide superfétatoire, la goutte qui ferait déborder le vase. Edwige avait disparu ; à sa place, mais également vêtu du même tailleur d’un bleu squameux, un énorme poisson posait sur moi ses yeux opaques, pointant sa fourchette dans ma direction d’un air accusateur. 
Je me penchai vers elle (Edwige) ou lui (le poisson) et, lui soufflant délicatement dans les branchies, murmurai : 
 « […] Et d'ineffables vents m'ont ailé par instants. »

samedi 31 mars 2012

Comme l’œuf pour la mouillette (JPH n°131)

Jeu littéraire (et sujet de mon cru, d'ailleurs) du forum À vos plumes : écrire un texte dont l'action débute sur un canapé en incluant les sept couleurs de l'arc-en-ciel (rouge, orange, jaune, bleu, vert, violet, indigo).

Prologue : 

« La femme est faite pour l’homme 
Comme le pommier pour la pomme, 
Comme le trou pour la souris 
Et la poule pour le riz. » 

Corps (littéral) du sujet : 

Ainsi chantait Madame Raymonde (http://www.madameraymonde.com) lorsqu’Elena m’enfourcha. À défaut de riz, j’avais au moins la souris ou la poule et, bien évidemment, le trou ; quant à la pomme… Inutile de gloser sur celle qu’Adam croqua imprudemment, fruit qui lui resta d’ailleurs coincé au travers de la gorge. 
Ma nuque, coincée contre l’accoudoir du canapé, formait un angle droit du meilleur inconfort ; Elena immobilisa mes bras au-dessus de ma tête, les maintenant avec une telle vigueur que j’étais certain qu’ils seraient émaillés d’un bleu à chaque emplacement de ses doigts. Malgré l’incommodité de ma position, je pris un rythme de croisière régulier, ahanant pareil au maillot jaune d’un tour de France génital, bien qu’en fait de pourtour, je me concentrais surtout sur son centre. 
Elena libéra enfin mes bras et, de mes mains, je tâtai à tâtons (et ton ton taine !) ses seins et sa croupe dont je sentis sous mes phalanges la légère peau d’orange, petit détail connu qui ne ralentit pas ma frénésie. Au vu des gémissements qui florissaient de la poitrine d’Elena, je songeai que j’avais sans doute (sauf à ce qu’elle simulât, ne révulsant l’indigo de ses yeux que pour mieux me mentir) la main verte pour l’amour – bien que, techniquement, il ne se fût agi en l’occurrence que d’un doigt métaphorique, lui-même vert et pas mûr. 
Notre chien, sans doute attiré par le bruit de nos ébats (ou par son odeur, allez savoir ce que perçoit précisément un chien !), s’approcha et je craignis un instant qu’il ne se joignît à notre sautillante entreprise. Je l’écartai d’un vif mouvement du coude et en profitai pour donner à ma nuque un angle plus humain ; sous ce soubresaut supplémentaire, le canapé émit lui aussi un gémissement sonore. Ainsi délivré de cette tension cervicale, je concentrai toute mon attention sur la zone de contact que je partageais avec Elena. Celle-ci émettait des borborygmes incongrus dont je ne pouvais définir s’ils s’apparentaient davantage au couinement de la souris ou au gloussement de la poule – les deux d’ailleurs déjà mentionnées. J’étais le Professeur Violet d’un Cluedo orgasmique, brandissant l’arme du crime qui allait conduire, il fallait l’espérer du moins, à la (petite) mort, bien que le nom originellement anglais du protagoniste, Professor Plum, eût mieux convenu de par l’analogie formelle et fendillée de la prune et de la vulve (comparaison pour faire valoir ce que de droit). 
Notre divan émit un nouveau craquement (j’avais craint un instant que la crépitation n’émanât d’Elena elle-même) mais je conservai mon cap – et mon/notre rythme – je n’aurais pour rien au monde voulu déchoir jusqu’au statut de lanterne rouge, celle-ci étant pourtant emblématique de bien des plaisirs. 

Épilogue (ou chute – également littérale) : 

« Oh ! Que ne fais-je mes achats 
Chez notre Grand Ami Suédois 
Pourvoyeur d’endurants sofas, 
[…] Car mon canapé s’effondra ! »

samedi 17 mars 2012

Et semblait un réseau tissu de laine blanche (JPH n°130)

Jeu littéraire du forum À vos plumes. Écrire un texte se déroulant dans un cadre enneigé et contenant au moins cinq des six mots suivants : laid, charbon, plomb, ivre, clef, brandir. 

Mes jambes me faisaient atrocement souffrir, mon bras droit semblait suspendu à la verticale, comme en apesanteur ; seule ma main gauche pouvait encore bouger – bien que faiblement. Cette main gauche qui, dans son agitation, avait préservé une poche d’air, réduite mais vitale. Mes pensées se recollèrent pout former un tout plus ou moins cohérent, l’avalanche et mon corps ballotté. Je reprenais connaissance, et conscience de ma précarité. 
Par moment, le poids de la neige accumulée menaçait de me broyer entièrement de son plomb réfrigéré comme il l’avait sans doute déjà fait de mes jambes douloureuses ; l’instant suivant, mon cerveau ivre s’égarait et je ne savais où se trouvaient le haut ou le bas. Quand la raison s’imposait, je m’alarmais du peu d’air dont je disposais. Il faisait très sombre, alors que j’avais imaginé le manteau nivéen d’une pureté telle qu’à travers ses constituants la lumière se répandrait, ceignant toute personne enfouie d’un halo clair et encourageant. C’était oublier que la glace cristallisée s’agglomérait sur un cœur de poussière ; chaque flocon posséderait-il une âme noire, une microscopique psyché de charbon, éros virginal emmurant un thanatos fuligineux ? 
Surtout, ne pas paniquer ! Chaque accélération de ma respiration réduirait d’autant mes possibilités de survie ! 
Mon bras involontairement brandi à la verticale passait doucement – mais inexorablement – de l’endolorissement à l’insensibilité ; si mes neurones tentaient de se dissocier des élancements de mes jambes, mon bras avait quant à lui pris de l’avance sur ce processus. Il s’était déjà désolidarisé de mon corps, dissout dans la neige. Ce n’est qu’alors que je pris conscience du froid extrême qui m’entourait de toute part et je songeai, avec quelque amertume, à deux alexandrins dont je ne parvenais d’ailleurs à retrouver l’auteur : 
La neige autour de lui croulait du firmament, […] 
Pour servir de linceul au voyageur errant. 
Lorsque je les avais lus, ces vers m’avaient paru convenus. Ils étaient pourtant fort à propos et n’aurait pu mieux traduire le sort qui m’attendait certainement – je dis certainement parce que je constatai qu’en cette circonstance, fût-elle désespérée, un espoir saugrenu mais réel me rattachait à la vie, cette vie que je sentais disparaître, engourdie par le gel, un gel qui conserverait peut-être la chair tout en exprimant le souffle, maigre consolation. 
Derrière moi – et je crus d’abord mes sens hallucinés par le froid – retentit une musique, entrecoupée des craquements qui naissaient de la gangue ivoirine dont j’étais prisonnier. Et ces notes qui s’élevaient auraient pu être la clef de ma survie lorsque je réalisai qu’il s’agissait de la sonnerie de mon téléphone émanant de mon sac-à-dos. De ma main libre, je sentis la lanière dudit sac mais aucun autre mouvement ne fut possible. Avec une certaine ironique climatique s’égrenèrent les notes chaleureuses et mouvementées du Concerto d’été de Joaquín Rodrigo. Aussi, je concentrai mon attention sur le violon et l’orchestre ; la pièce devait durer une vingtaine de minutes tout au plus et si la technologie n’avait pas mis en route le répondeur de cet inaccessible téléphone, le concerto m’aurait sans doute accompagné jusqu’à ma fin.

jeudi 1 mars 2012

50 noms - arvinillit (JPH n°129)

Jeu littéraire du forum À vos plumes : écrire un texte sur le thème "La voix est un second visage" comprenant un oxymore. Ce texte clos la série "50 noms" ; à lire chronologiquement en commençant par 50 noms - atausiq

Après que mourut la Créature, nous menâmes, notre enfant et moi, une vie d’itinérance, errant de lieux inappropriés en endroits moins propices encore. Déjà, sur les berges de la Tamise, l’étrangeté de ma fille avait attiré sur nous regards et jugements. À peine née, enveloppée de la fourrure blanche de sa mère, elle émit un son imprévu, mêlant accents musicaux à quelques cliquetis semblables à ceux que produit la glace lors du dégel. Cette étrange mélopée s’échappait de ses lèvres légèrement bleutées qui tranchaient avec le duvet neigeux recouvrant son visage et, au dehors, des flocons envahirent le ciel, se précipitant vers nous avec un enthousiasme amical. L’enfant avait faim, elle cria de plus belle, sa voix transmuta en chant les borborygmes de son estomac et la tempête se leva, un vent cinglant balaya la rive, un vent sans mesure avec le climat anglais. Je mâchouillai longuement un morceau de proie (lapin, perdrix, je ne sais plus), le jus exprimé s’échappa de ma bouche vers celle de ma progéniture, un sourire s’y dessina, un cri satisfait en sortit – la neige tomba avec plus de parcimonie. 
Partout, la foule attirée par le météore froid mais inhabituel s’approchait, s’émerveillait d’abord des chants qu’elle entendait puis, en découvrant la source – mon enfant, ma chair – s’épouvantait. Nous constatâmes que la superstition était chose universelle ; inévitablement, nous finissions chassés, voire battus. Seuls les scientifiques, spécialistes du génome ou de la météorologie, nous approchaient sans crainte mais tous dans d’inavouables desseins. 
Ainsi j’avais traversé à rebours la Manche et, de périples en pérégrinations, nous avions enfin élu domicile dans le Tyrol autrichien, quelque part au milieu de rien, dans les montagnes désolées, non d’existence mais d’humanité, ce qui convenait parfaitement à l’avanie dont nous étions l’objet. Le froid qui nous entourait ne dépariait pas notre environnement, nous vivions dans un gîte d’étape abandonné sur un sommet non moins déserté. Ma fille grandit, à dix ans son corps entier se couvrait d’une belle fourrure pâle, pareille à celle (souvenir de la Créature) qui ceignait mes épaules. Mais le gel constant, s’il était l’élément de ma progéniture, n’était pas le mien. J’avais vieilli prématurément, la cicatrice de ma main m’élançait atrocement, s’insinuait dans mes veines le froid chaleureux que produisait mon enfant pour sa survie. 
Je gisais sur ma couche, au dehors j’entendis la voix de ma fille, ses roucoulements surprenants, générateurs de givre, ses chants qui parfois emplissaient la montagne, recouvraient les pics de psalmodie et de blancheur. J’écoutai cette musique inspirée qui contrastait avec son physique de fauve, ses oreilles de faune, sa genèse monstrueuse, sa vie poétique que j’étais, jusqu’à présent, parvenu à protéger. 
Je sentis bientôt l’étau de glace sceller ma poitrine, mes poumons avaient déjà réduits leur capacité à sa plus simple expression. Plus que la mort, abandonner l’enfant était une souffrance, elle aussi glaçante. Ma fille jouait avec désinvolture, j’en reconnaissais les bruits, les notes cristallines. Dans un dernier souffle, je l’appelai (mais ma voix ne fut qu’un murmure – inaudible) : 
50 – Neige…

jeudi 16 février 2012

50 noms - tallimat (JPH n°128)

Jeu littéraire du forum À vos plumes : écrire un texte ayant pour thème la culpabilité et incluant la phrase "Elle serra de plus belle le livre contre elle comme pour le protéger". Contrainte supplémentaire de mon cru : ce texte fait suite à celui du précédent jeu, 50 noms - sitamat

Lorsque j’avais poursuivi la Créature, elle s’était engouffrée dans son antre – amoncellement composite le long de la rive tamiséenne. J’y pénétrai à mon tour et la découvris, assoiffée d’émotions, tremblante de faim, étreignant dans ses bras les objets hétéroclites qu’elle avait entassés en son repaire, babioles, débris non identifiables, un livre également. J’approchai mes doigts de sa main ; elle observa le sang qui s’écoulait de la mienne et, comme je tentai de la toucher, elle se contracta autour de ses possessions dérisoires. Elle serra de plus belle le livre contre elle comme pour le protéger. S’échappèrent néanmoins quelques plumes, peut-être de cygne, qu’elle avait amassées tel un trésor. 
Fasciné par sa beauté énigmatique et, sans doute éternellement enfiévré par la morsure dont elle m’avait fait cadeau, j’étais demeuré auprès de la Créature. Nous nous étions apprivoisés, dans le froid qui toujours enlaçait sa tanière. Aussi, aujourd’hui, serrais-je entre mes bras notre enfant que j’avais emmailloté de la fourrure blanche qui jamais ne quittait sa mère ; protection dont cette dernière n’aurait plus jamais besoin. Son corps gisait, épuisé de folie, détruit de parturition. Entre ses jambes, une traînée rouge signait sa fin et je songeai avec amertume aux Deux petits éléphants blancs (43 et 44, même à les considérer siamois) de Maurice Carême : 
C’était deux petits éléphants blancs, […] 
Lorsqu’ils mangeaient de la tomate, 
Ils devenaient tout écarlates. 
Mais si, avec poésie, les pachydermes recouvraient leur coloris immaculé en buvant du lait, rien n’aurait rendu à ma Créature sa vie ivoirine, sa tendresse sauvage et nivéenne. 
J’avais abandonné mon existence parisienne sans que la logique ou la civilisation aient pu me raisonner. La cicatrice de ma main était un souvenir lointain dont je sentais pourtant l’extension jusque dans mes veines. 
Dans mon giron paternel et fautif, j’observai ma fille, sa peau blanche, ses yeux pâles, un fin duvet virginal recouvrait l’entièreté de son épiderme et je ne doutais guère qu’en grandissant, ses oreilles prissent une forme épointée, non plus que ses dents. J’avais tué la Créature de mon aveuglement, j’avais créé un être que l’on montrerait du doigt. 
Je pris le livre de contes de la Créature, sa plus grande (et seule) richesse et en lus le contenu, comme si mon enfant pouvait le comprendre – ou en hommage désespéré à sa mère. 
45 – Blanche-Neige 
46 et 46 ½ – Le Serpent blanc (des frères Grimm mais aussi conte chinois – bái shé zhùan – l’ouvrage faisait se suivre les deux versions dont le titre était d’ailleurs le seul point commun) 
47 – Le Loup blanc (une histoire amérindienne) 
48 – Edelweiß (en allemand dans le texte, que je connaissais également du nom poétique d’étoile des glaciers, en guise de 48 et quelques). 
Tandis que j’imaginais les poils qui couvriraient le corps de notre fille, ses pupilles claires et effrayantes, m’apparut l’avanie dont elle serait l’objet en tant que monstre auquel elle ne manquerait pas d’être assimilée. N’avais-je pas considéré sa mère en Créature, même avec une majuscule ? Et comme je sanglotais, je tournai une page du livre, le titre de l’histoire suivante s’étala avec une ironie aussi sombre que limpide : 
49 – Croc-Blanc.

mardi 31 janvier 2012

50 noms - sitamat (JPH n°127)

Jeu littéraire du forum À vos plumes : écrire un texte sur le thème "On a trouvé un cadavre dans la Tamise. Chose assez fréquente. Mais celui-ci est pourvu de deux têtes…"
Contrainte supplémentaire de mon cru : ce texte fait suite aux trois derniers écrits pour les précédents jeux. Pour lire les textes dans l'ordre chronologique, commencer par 50 noms - atausiq.


    34 – Mustela erminea ? suggérai-je à mon homologue britannique. L’homme releva le col de son manteau : « Une hermine blanche effectivement, un gène tératologique, deux têtes » acquiesça-t-il avec pragmatisme.
    J’avais d’abord suivi les traces de la Créature à Paris sur les berges de la Seine, puis de plus en plus loin de la capitale. Bientôt, je l’avais perdue pour la retrouver ici, sur les rives de la Tamise – je supposai qu’elle avait traversé la Manche dans les cales d’un ferry, sauf à ce qu’elle possédât une capacité natatoire impressionnante.
    J’étais moins intéressé par la particularité qui avait doté l’hermine de cette mutation bicéphale que par les empreintes de mâchoires que la Créature avait laissé sur le cadavre de l’animal, des marques minuscules, presque humaines. Je n’avais recueilli que peu de témoignages mais tous se recoupaient pour décrire une silhouette humanoïde, fuyante ; certains décrivaient une fourrure sauvage, d’autres avaient imaginé des voiles vaporeux comme si elle avait déplacé dans son sillage des volutes brumeuses et folles. Mais toujours je retrouvai les dépouilles improbables d’animaux dévorés, des animaux immanquablement blancs.
    35 – Oie blanche (pas nécessairement innocente pourtant)
    36 – Tourterelle neigeuse
    37 – lagopède hivernal
    Il faisait un froid glacial le long du fleuve, le gel avait raidi la dépouille de l’hermine mais il était évident que la mort était récente. La Créature ne pouvait être loin, la nuit tombait déjà. Je me séparai de la brigade scientifique et poursuivis seul ma chasse, le nez tourné vers le sol en quête de nouvelles proies laissées par mon obsédante Créature. Je crus voir un cygne exsangue (pour 38) mais il ne s’agissait que d’un sac plastique gonflé de vent dont le logo rouge figurait une tache sanglante. La Créature se sustentait sans doute également de prises insignifiantes dont ne subsisterait nul indice : asticots albuginés (à cataloguer au n°39) ou, en d’autres lieux, axolotl larvaire et leucistique (indice 40).
    J’entendis soudain un bruissement ; à l’extrémité de mon champ de vision se mut une silhouette blanchâtre. Je sortis de ma besace l’appât apporté pour l’occasion.
    41 – Un lièvre variable ? soufflai-je dans le froid, comme si la Créature pouvait me comprendre.
    J’agitai le cadavre devant moi et l’effet ne se fit guère attendre. La Créature se précipita sur le gibier offert et, tandis que je tentai de la saisir, elle se débattit avec une vigueur et des hurlements inattendus dans un corps aussi frêle. Plongé dans la nuit, agité par la lutte, excité par l’imminence de ma réussite cynégétique, je discernai néanmoins dans le fauve furieux qui se démenait une fourrure dense et emmêlée, des voiles transparents et déchirés et, plus saisissant encore, un visage de femme transfiguré de bestialité. J’en fus si surpris que je restai en suspens une brève seconde que la Créature mît à profit pour me mordre violemment la main et, tandis que je hurlai de douleur et relâchai mon étreinte, s’enfuir, non sans emporter avec elle mon offrande aux longues oreilles.
    Notre premier contact avait été un échange (équitable ?), une morsure vermeille contre un lièvre blême.
    42 – Une fille félincolore… murmurai-je dans la bise nocturne.

dimanche 15 janvier 2012

50 noms - pingasut (JPH n°126)

Jeu littéraire du forum À vos plumes : écrire un texte dans lequel un embouteillage joue un rôle important.
Contrainte supplémentaire imposée par moi seul : cette histoire fait suite aux deux précédentes. Pour lire les textes dans l'ordre chronologique, commencer par 50 noms - atausiq.

    23 – Tendre lys ! aurais-je pu me nommer, ainsi vêtue que j’étais de ma robe longue, d’une virginité faussement candide. Il faisait frais dans la voiture qui me menait à l’église, je m’étais entourée de l’étole que Luka m’avait offerte, l’étole de fourrure blanche d’un fauve quelconque prétendument chassé par ses soins au Népal, ou au Ladakh.
    Père conduisait, pestant contre le froid de décembre qui provoquait de la buée dans l’habitacle et lui interdisait d’ouvrir la fenêtre. « Et quelle idée de se marier la veille de Noël, quel curé a pu accepter de vous unir un 24 ! »
    24 – Nativité glaciale, murmurai-je, sans trop savoir pourquoi.
    À mesure que nous avancions, la circulation se faisait plus dense, une horde d’acheteurs retardataires partait à l’assaut des magasins. Père râla à nouveau, contre les ralentissements et les passants qui traversaient dangereusement, les gens sont fous !
    25 – Givrés ! ajoutai-je.
    L’embouteillage ne semblait vouloir se résorber, quelques klaxons retentirent tels des carillons célestes (et enroués par le gel) célébrant avant l’heure mon alliance. Et plus les conducteurs s’impatientaient en trompetant, plus mon hymen rejoignait les cieux.
    Puis je vis tourbillonner quelques flocons (la neige elle-même fêtait mes épousailles) qui, lorsqu’ils atteignaient la chaussée, se dissolvaient instantanément. Père maudissait les bouchons mais je me sentais calme. La neige redoubla, par réflexe je m’emmitouflai dans mon étole, m’en couvris même la tête au risque de froisser mon chignon élaboré, quelques uns des longs poils me chatouillèrent les joues. Et plutôt que de songer à Luka s’inquiétant de mon retard, je tentais d’imaginer le bruit minuscule des flocons s’écrasant à terre :
    26 – Éclat !
    27 – Bing blême !
    28 – White bang ! Celui-ci m’amusa beaucoup, je pouffai, Père leva les yeux au ciel. Ses mains étaient crispées sur le volant de la voiture immobile : « 14h30 ! C’est l’heure ! » Je consultai ma montre, il n’était que 29…
    29 – Iztac
    30 – Hvítt (presqu’onomatopéique)
    Des noms sans suite germaient dans mon esprit. Nous n’avancions plus, la neige accomplissait peu à peu son œuvre de recouvrement sous l’œil effaré de Père. Mais il fut plus sidéré encore lorsque j’ouvris la portière et, au mépris des éléments, sortis. Père m’interrogea du regard.
    31 – Mystère (glacé ?)
    Enveloppée de ma fourrure sauvage, je ne craignais pas la faible température. Je zigzaguai entre les véhicules à l’arrêt, le blanc de la neige formait un camaïeu poétique avec ma tenue du même coloris. Mon voile qui léchait le sol dessinait des arabesques et mes souliers qui dérapaient à l’envi marquaient de leur empreinte délicate la voie. Je rejoignis le trottoir et m’engageai dans une rue adjacente. Au lointain, j’entendis Père me héler :
    Alba ! Alba ! (pour 32 et 32 bis)
    Mais je ne pouvais interrompre ma course, la neige recouvrait l’étole poilue, une odeur carnassière s’en échappa. J’étais prise d’une folie hivernale qui transcendait ma volonté. Je me transmutais dans les météores hexagonaux, j’étais une étoile…
    33 - …polaire
    Et, à défaut d’épouser Luka (car, dans mon ivresse glaciaire, je n’aurais su retrouver le chemin de l’église), les flocons se mariaient merveilleusement avec l’ivoire satiné de ma robe.

lundi 2 janvier 2012

50 noms - marruuk (JPH n°125)

Jeu littéraire du forum À vos plumes : écrire un texte dont l'idée générale est le changement (transformation, métamorphose, bouleversement...) et comportant au moins trois des quatre éléments suivants : un prénom, une ville, un pays, une fleur.
Contrainte supplémentaire imposée par moi seul, ce texte fait suite à celui du précédent jeu : 50 noms - atausiq.


15 – Khangs ! m’étais-je écrié ; je savais de nos noms possibles celui-ci dans une langue lointaine, du Tibet peut-être, j’avais repris le flambeau (terme ironique au vu du froid qui nous cernait) de mon frère-flocon qui s’était si brusquement dématérialisé, dans un cri que moi seul avait entendu. La tourmente m’emportait également, déjà le souvenir de mon défunt devancier était noyé sous les ululements du vent.
Quant à moi, mon sort aurait pu n’être guère plus enviable mais des bourrasques pleines de fantaisie me maintenaient un peu au-dessus du sol sans pour autant que je m’y inclusse. Je profitai de ce répit relatif pour égrener la litanie dont j’étais à présent le détenteur.
16 – Spirée liliale
17 – Spirale liée
18 – Tuhina
19 – Fri-fri-frimas
Les mots se succédaient, j’étais pris d’une fougue baptismale, je m’apprêtai à énumérer un vingtième nom lorsque la silhouette mouvante apparut. D’abord diffuse, la montagne de poils guerroyait contre mes compagnons, dérisoire malgré sa masse, la gueule béante dans d’impossibles cris, gueule dans laquelle le vent facétieux, en compagnie d’autres moi-même, m’engouffra.
Si mon prédécesseur avait disparu dans le néant, je me dissolus presque instantanément dans ce chaud gosier de Yéti ; curieusement, ma conscience ne s’estompa ni ne rejoignit celle de son avaleur. Je ressentais dans ce-qui-n’était-plus-mon-corps les pulsations du flux sanguin de mon hôte, un fragment de mon esprit circulait dans ses muscles, dans ses veines, dans son cœur chaleureux. J’éprouvais sa force et elle me sembla colossale – de la tempête dévastatrice je n’avais été qu’un élément minuscule (bien qu’indispensable), j’étais à présent compris dans celui qui luttait contre elle, avec vigueur et, si je n’avais pas connu de l’intérieur la fureur de la neige, j’aurais pu espérer qu’il la vainquît.
Une partie de mon être effacé traversa le crâne du monstre, je m’accrochai de mon mieux à un neurone, je m’essayai à la communication.
20 – Blanche toison, murmurai-je, autant pour le nommer que pour que perdurât mon labeur onomastique.
Mais de réponse, point. Je me souvins l’avoir entendu désigné comme le Mirgö et tentai cette appellation sans plus de succès, sauf à ce que ses mouvements brusqués en fussent. Je ne trouvais rien à ajouter, ma lucidité n’était plus aussi vive, assez cependant pour que je me sentisse me dissoudre peu à peu, mais totalement, dans la chair qui me transportait malgré elle. Comment mènerais-je à terme la tâche des trente noms restants ? Poignaient ainsi des relents de trahison envers les miens.
Dans un ultime effort avant mon irrévocable désagrégation, j’inoculai mon énergie – celle du désespoir sans doute – au cerveau de la bête, je susurrai de mon haleine transie à ses circonvolutions quelques phonèmes, je m’étendis sur sa matière grise. Et par ses oreilles devenues miennes, je crus entendre :
21 – Grrrrrrrr
J’ai poursuivi mon effort, abandonnant les derniers lambeaux de mon intégrité, le vent a porté sa voix féroce, son rugissement s’est éparpillé parmi mes frères-pareils.
22 – Grrrrrésil…

La suite de ce texte avec 50 noms - pingasut.

50 noms - atausiq (JPH n°124)

Jeu littéraire du forum À vos plumes : écrire un texte dont l'incipit est imposé.

Je cherchais un endroit tranquille où mourir. Où mourir, m’éteindre, fondre peut-être – j’étais un flocon, je tourbillonnais, enivré de gel. Chute (lente), chute (ô l’incertaine durée de mon existence), chut !
D’aucuns prétendent que les Eskimos possèdent 50 mots pour désigner la neige ; c’était, m’a-t-on dit une légende, mais le temps que j’atteigne le sol, aurais-je trouvé autant de noms pour me désigner ?
1 – Plume stellaire (tentons la poésie)
2 – Nive d’éther
3 – Shenamanuh (essayons l’exotique)
4 – voile tendre, voile aigu
5 – Souffffffflllle
Je cherchais un endroit où mourir, peut-être sur ta main, sur ton front, ou ta langue si elle pointait. Pourquoi disparaître si je ne t’atteins ? J’ai suivi le cours du vent, dérivé avec le blizzard, ouhouhouh conspuait-il, son bruit se perdait en lui-même, brouhaha…
6 – Points blancs (acné des cieux ?)
7 – Antre-d’ours
8 – Éternuements !
J’ai dérivé, à chaque seconde je voyais ma vie défiler, pareille à un saut ultime ; quelle injustice qu’une si brève destinée ! Et malgré mon véhicule de bise et le gel par qui je perdurais encore, je ne te voyais pas, les bourrasques de neige m’aveuglaient, je m’aveuglais moi-même.
9 – Écran de nacre (ou le neuvième nom en anagramme)
Parfois, je m’échappais du cyclone de glace, malgré moi, et sur mes flancs hexagonaux, sentais la morsure d’un subtil réchauffement, rognant mes ailerons, mes ramures délicates telles un arbre diaphane, sujet à la dissolution. Mais de toi, point. J’entendais quelquefois les chuchotements de mes frères, de mes sœurs, mes allié(e)s de tourmente, certains ont vu des enfants couchés sur le sol bougeant bras et jambes, faisant naître de leurs reptations des anges de neige. Certains le racontent, certains le racontaient mais ne sont plus là, ils se sont éteints d’un claquement muet dont nul retentissement ne naquit, sort de flocon.
10 – Qanik
11 – Albedune
Malgré mes compagnons blancs qui s’escriment à voleter devant mes yeux, j’entr’aperçois le sol qui monte vers moi, d’un ivoire univoque, prêt à m’inclure en lui ou, pire, à m’y faire disparaître. J’ai hélé mes acolytes, je ne connaissais nul dieu inuit, sauf à croire que leurs statuettes ursines pussent me protéger ; encore me poserais-je sur un des inuksuit éparpillés qui émaillent les déserts boréaux.
12 – Eira
Puis ce fut l’aurore, de ces aurores bleues et vertes qui transforment le ciel en émeraude irrégulière, j’ai admiré les reflets tremblants, j’en ai oublié – un instant seulement – ta peau piquetée des dards de grêle. Un instant d’inattention, j’ai échappé au manteau du vent et, isolé de sa couverture glaciale, j’ai senti mes six bras se désagréger.
13 – Anklebreaker
Il me faudrait encore trente-sept noms pour atteindre la nomenclature eskimaude ; trente-sept secondes d’existence au moins, une misère, une éternité. Je cherchais un endroit où mourir, tes lèvres, tes paupières sur lesquelles je me serais évaporé, te laissant en écho mon froid mortel.
14 – Génie de neige (encore une anagramme, j’en suis un !)
Enfin, j’avais trouvé cet endroit où mourir, nulle part, là ou ailleurs, au creux de l’atmosphère, loin de tout. « Trente-six noms encore » ai-je crié à mes congénères ! sauf à m’être éteint dans un songe.
15 - …

Suite de ce texte avec 50 noms - marruuk.

Le printemps passe

Les oiseaux crient

Les yeux des poissons portent des larmes
(Bashō Matsuo)
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