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Découvrez les lalbehyrinthes, partez en exploration, perdez-vous éventuellement… Chacun d’eux possède une issue, mais chaque sortie conduit irrémédiablement vers un nouveau dédale. Les textes s’imbriquent et tissent une toile dont le motif général pourrait être le mien, ou celui de tout autre personnage, selon mon humeur. Bref, la vérité est – sans doute – ailleurs, ou ici, ou nulle part.

lundi 2 janvier 2012

50 noms - marruuk (JPH n°125)

Jeu littéraire du forum À vos plumes : écrire un texte dont l'idée générale est le changement (transformation, métamorphose, bouleversement...) et comportant au moins trois des quatre éléments suivants : un prénom, une ville, un pays, une fleur.
Contrainte supplémentaire imposée par moi seul, ce texte fait suite à celui du précédent jeu : 50 noms - atausiq.


15 – Khangs ! m’étais-je écrié ; je savais de nos noms possibles celui-ci dans une langue lointaine, du Tibet peut-être, j’avais repris le flambeau (terme ironique au vu du froid qui nous cernait) de mon frère-flocon qui s’était si brusquement dématérialisé, dans un cri que moi seul avait entendu. La tourmente m’emportait également, déjà le souvenir de mon défunt devancier était noyé sous les ululements du vent.
Quant à moi, mon sort aurait pu n’être guère plus enviable mais des bourrasques pleines de fantaisie me maintenaient un peu au-dessus du sol sans pour autant que je m’y inclusse. Je profitai de ce répit relatif pour égrener la litanie dont j’étais à présent le détenteur.
16 – Spirée liliale
17 – Spirale liée
18 – Tuhina
19 – Fri-fri-frimas
Les mots se succédaient, j’étais pris d’une fougue baptismale, je m’apprêtai à énumérer un vingtième nom lorsque la silhouette mouvante apparut. D’abord diffuse, la montagne de poils guerroyait contre mes compagnons, dérisoire malgré sa masse, la gueule béante dans d’impossibles cris, gueule dans laquelle le vent facétieux, en compagnie d’autres moi-même, m’engouffra.
Si mon prédécesseur avait disparu dans le néant, je me dissolus presque instantanément dans ce chaud gosier de Yéti ; curieusement, ma conscience ne s’estompa ni ne rejoignit celle de son avaleur. Je ressentais dans ce-qui-n’était-plus-mon-corps les pulsations du flux sanguin de mon hôte, un fragment de mon esprit circulait dans ses muscles, dans ses veines, dans son cœur chaleureux. J’éprouvais sa force et elle me sembla colossale – de la tempête dévastatrice je n’avais été qu’un élément minuscule (bien qu’indispensable), j’étais à présent compris dans celui qui luttait contre elle, avec vigueur et, si je n’avais pas connu de l’intérieur la fureur de la neige, j’aurais pu espérer qu’il la vainquît.
Une partie de mon être effacé traversa le crâne du monstre, je m’accrochai de mon mieux à un neurone, je m’essayai à la communication.
20 – Blanche toison, murmurai-je, autant pour le nommer que pour que perdurât mon labeur onomastique.
Mais de réponse, point. Je me souvins l’avoir entendu désigné comme le Mirgö et tentai cette appellation sans plus de succès, sauf à ce que ses mouvements brusqués en fussent. Je ne trouvais rien à ajouter, ma lucidité n’était plus aussi vive, assez cependant pour que je me sentisse me dissoudre peu à peu, mais totalement, dans la chair qui me transportait malgré elle. Comment mènerais-je à terme la tâche des trente noms restants ? Poignaient ainsi des relents de trahison envers les miens.
Dans un ultime effort avant mon irrévocable désagrégation, j’inoculai mon énergie – celle du désespoir sans doute – au cerveau de la bête, je susurrai de mon haleine transie à ses circonvolutions quelques phonèmes, je m’étendis sur sa matière grise. Et par ses oreilles devenues miennes, je crus entendre :
21 – Grrrrrrrr
J’ai poursuivi mon effort, abandonnant les derniers lambeaux de mon intégrité, le vent a porté sa voix féroce, son rugissement s’est éparpillé parmi mes frères-pareils.
22 – Grrrrrésil…

La suite de ce texte avec 50 noms - pingasut.

5 Comments:

Chloé said...

Bonsoir Lal, n'étant pas membre de votre forum "AVP", mais vous lisant ici et là depuis quelques temps déjà, je vous avais attribué (sans connaître de prime abord le disque qui vous l'avait inspiré) votre "50 mots ..." de part la complexité de certains de vos textes, le n°124 de ce "JPH"! Bien avant le résultat du n°125 et tout de go, pour une suite qui me semblait logique. Je vois que pour le n°126, tout en vous suivant et si il est réellement de vous, cela devient une "trilogie" qui pourrait, sur la lancée, se concrétiser vers un 4ème jeu, voire même trouver son apogée vers un "5ème élément", vu ce qu'il vous manque au niveau "somme" pour arriver au "n° 50" ... !!!

N'en prenez surtout pas ombrage si ce soir j'ose et si je me permets de vous dire là, en toute franchise et en toute amitié, bien que vous sachiez déjà que j'aime beaucoup vous lire, que je vous préfère et de loin dans des textes au vocabulaire beaucoup moins compliqué, des textes avec un brin d'humour, même si il est quelques fois corrosif, aussi sur des textes empreints parfois de poésie, des textes ou je ressens une vive émotion, qu'elle soit douce ou violente et que j'ai plaisir à lire et à relire souvent, sans que j'ai besoin de consulter un dico toutes les trois lignes pour enfin comprendre ... ou pas. Je dois avouer qu'à ce stade, soit j'abandonne la lecture, soit je la continue.
Je sais aussi et je reste persuadée que la simplicité des mots dans un texte lui donne une certaine force, pour ne pas dire une force certaine ...

Ne m'en veuillez surtout pas Lal, mais c'est en toute franchise, en toute amitié , que je vous dis ces quelques mots, sans nulle intention de ma part de vouloir vous vexer. Bien à vous. Amitiés. Chloé.

Chloé said...

* P.S Lal, si je vous ai un peu "charrié" au niveau de la complexité de certains de vos textes, je vous conseille de boire un peu avant de me lire (surtout le 2ème paragraphe) car pour ma part, j'ai un peu "abusé des virgules", pour tout dire, je ne devais pas être "au point" !

Je me souviens d'une expression qu'on me disait souvent dans la cour de récré ... : "Circule virgule, ou je t'apostrophe !".
Je pense que de nos jours, ça équivaut à "Bouge de là ou je te fous un pain!".

Lal Behi said...

Bonsoir Chloé,
Je ne formalise pas, bien entendu, de votre commentaire concernant la complexité du vocabulaire que j'emploie. Certains (Luna, pour ne citer que lui) préfèrent également que j'utilise une plume plus simple et plus incisivement humoristique. Malheureusement, mon cerveau est souvent compliqué et pas toujours doté d'humour (quant à moi, qui le croirait, je suis un homme simple). A croire que je ne commande pas totalement à mes neurones ; ma matière grise travaillerait-elle à mon insu ?

Pour ce qui est de ces 50 noms et si c'est à eux que vous vous référez en matière de complexité, tous les termes employés (sauf un inventé de toutes pièces) sont des mots en langue étrangère ayant tous trait à la neige, au froid ou à la couleur blanche. Je ne suis pas sûr qu'en avoir la traduction exacte apporterait beaucoup aux textes, je les ai choisi pour leur poésie et la beauté que j'y trouvais.

Quant aux virgules, étant moi-même un amateur de phrases à rallonge, je ne vous en tiendrais évidemment pas grief. Bien que personnellement, j'éprouve une affection particulière pour le point virgule, ce souvent mal-aimé signe de ponctuation.

Chloé said...

Eh oui Lal, ce fameux "point virgule" qui se voulait et se rendait incontournable lors de mes années lycée/collège dans toutes les rédactions et les dissertations ... Il est inusité de nos jours, seuls les nostalgiques s'en souviennent !

En revanche, Paris lui a rendu un bel hommage. "Le Point Virgule" demeure une très belle salle de spectacles pour servir de tremplin à de jeunes humoristes et découvrir leur talent avant qu'ils aillent affronter la salle mythique de "L'Olympia" !

* Je suis soulagée et ravie de ne pas t'avoir vexé par mon commentaire, ce n'était pas mon but.

Chloé said...

Désolée Lal, mais je vous ai bien fourni là la preuve que je n'étais pas "au point" lors de mon premier commentaire puisque j'ai nommé vos textes "50 mots" alors qu'il s'agit en fait de "50 noms".

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