Écritures, billets, nouvelles, contes, brachygrammes, poésies, prosoésies, ludilemmes, romans...

Découvrez les lalbehyrinthes, partez en exploration, perdez-vous éventuellement… Chacun d’eux possède une issue, mais chaque sortie conduit irrémédiablement vers un nouveau dédale. Les textes s’imbriquent et tissent une toile dont le motif général pourrait être le mien, ou celui de tout autre personnage, selon mon humeur. Bref, la vérité est – sans doute – ailleurs, ou ici, ou nulle part.

vendredi 10 juin 2011

Horloge andronique (α – Borée, porte béante)

Tu as fui. Vent de murmure, eau de clepsydre, souffle continu qui remonte mes nerfs en pointe grinçante.
Parmi les tourbillons, j’ai aperçu ta silhouette, flottant entre deux strates d’oxygène. Tu as disparu, ta main, une dernière fois, s’est posée sur mon épaule sans que même tu n’embrasses ni ne m’étreignes. Et minute après minute, je me languis de cet écart et de ton corps dérobé ; tu gis certainement, à moins que ton agonie n’ait point cessé. L’incertitude est ce petit rat, à l’allure presque innocente, dans un couinement ronge ce qui peut encore l’être et jamais n’octroie de repos.
Les girouettes claquent et le borée – dont le hurlement mime une conque morbide – embroussaille tes cheveux, leurs boucles seules semblent me saluer d’un adieu d’éther. Si tu étais un dieu, ta barbe s’enroulerait en spires neptuniennes, si tu étais armide, tes mains frôlant tes reins ébaucheraient un tournoiement, peut-être lascif, peut-être. Et si tu étais janusien, porteur de clefs, mon désespoir n’en serait que plus grand. Mais l’ignorance me caresse de son bénéfice, et de sa douleur. Tu avances, viril et délicat, tu te presses, fluide et voluptueux, tes formes dessinent des traits rapides, en griffures. Tu avances, tu avançais plutôt, dans un passé définitif – tu avançais, je marque une pause, inextinguible, ce temps précieux encore où les larmes offrent l’illusion de la permanence du chagrin, ce temps où l’oubli paraît impossible. Ou monstrueux.

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Le printemps passe

Les oiseaux crient

Les yeux des poissons portent des larmes
(Bashō Matsuo)
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