Écritures, billets, nouvelles, contes, brachygrammes, poésies, prosoésies, ludilemmes, romans...

Découvrez les lalbehyrinthes, partez en exploration, perdez-vous éventuellement… Chacun d’eux possède une issue, mais chaque sortie conduit irrémédiablement vers un nouveau dédale. Les textes s’imbriquent et tissent une toile dont le motif général pourrait être le mien, ou celui de tout autre personnage, selon mon humeur. Bref, la vérité est – sans doute – ailleurs, ou ici, ou nulle part.

lundi 13 juin 2011

Horloge andronique (β – Cécias, nive longue)

Entre les herbes, l’image de ton cadavre repose (te voir en rigor mortis plutôt qu’ailleurs), tes yeux fixent le ciel, reflètent les nuages qui s’y promènent, tes yeux peut-être ensevelis de boue. Tes mains rétractées forment des signes énigmatiques que nul ne saura déchiffrer.
La grêle est tombée, fracassante, et sonore – toujours son bruit t’effrayait, blotti au creux de songes impossibles. Le martellement résonne, s’alterne aux pulsations de l’horloge dont le gargouillis retentit, long borborygme, vidange.
Je suis sorti nu, sans protection, les grêlons battent ma peau, y déposent des marques rouges, puis bleuâtres, autant d’ecchymoses dont la trace décompte le souvenir. Je déambule, les rues se dévident peu à peu, les façades additionnent mes pas avec circonspection, la glace se forme dans mes cheveux, autant de grains frigides façonnant casque de givre. Mon regard se tourne vers l’est et, si la nuit perdure, l’horizon bientôt montrera son croissant diurne, et son espoir héliaque, si humain. Homme je suis, mon squelette me supporte – avec parfois quelques difficultés – mon crâne enregistre données et hypothèses, mes pupilles tentent de fuir l’essentiel ; telle est mon humanité, de chair, d’atermoiements.
Tout, alors qu’il serait si simple de se vautrer dans l’alcool, dans le stupre, avec le plaisir que l’on sait, que l’on suppose du moins. Mais comment, sans toi, jouir de l’aurore, des gouttes éphémères ? Qui sera mon bouclier ?

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Les yeux des poissons portent des larmes
(Bashō Matsuo)
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