Écritures, billets, nouvelles, contes, brachygrammes, poésies, prosoésies, ludilemmes, romans...

Découvrez les lalbehyrinthes, partez en exploration, perdez-vous éventuellement… Chacun d’eux possède une issue, mais chaque sortie conduit irrémédiablement vers un nouveau dédale. Les textes s’imbriquent et tissent une toile dont le motif général pourrait être le mien, ou celui de tout autre personnage, selon mon humeur. Bref, la vérité est – sans doute – ailleurs, ou ici, ou nulle part.

samedi 23 octobre 2010

Léviathan, dit-il (première apostille de Vent violent)

Désespérément, je pose ma main sur ton flanc, je poursuis les lèvres, les bourrelets, les affleurements de peau. Une trace, une empreinte, et voici les résolutions caduques, nous ne sommes plus que corps, en quantité indénombrable. Et de tous mes sens en alerte, l’ouïe est la plus sollicitée, les caresses sous le joug de mes paupières closes enflent et la turgescence sonore tout envahit, se heurte à mes pores, titille mes phéromones, avec ravissement.
Noyons-nous ! Noyons-nous, de larmes, d’océan d’affliction et d’autant de procrastination ! De l’eau coulera de nos fronts, glissera sur nos gorges, aspergera nos poumons ; tout n’est-il pas délétère, à l’image de la vie ? Si encore l’autre ne m’offrait pas l’affront de sa jovialité, je pourrais contraindre mes sentiments, m’exhorter à la liesse, m’y forcer, peut-être avec tyrannie. Las, je suis faible, et décrépi, je porte sur mon dos le mur des ans, non ceux que décomptent lunaison et révolution, mais les secondes insignifiantes qui marquent notre perte, inexorablement nous traînent pieds et poings liés vers le destin.
Noyons-nous donc, et si l’instinct le veut, nous serons siréniens qui, d’une envolée natatoire, plongeront vers quelque ailleurs, encore inexploré, riche de virginité. Ainsi, de bouchées en morcellements, de proies en victimes, je grandirai et, ayant empli de ma force toute la profondeur des abysses, je jaillirai à nouveau vers la surface, majestueux.
Je serai léviathan, ogre gargantuesque de plaisir et de vie, je serai léviathan, aussi noyons-nous !

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Les yeux des poissons portent des larmes
(Bashō Matsuo)
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