Écritures, billets, nouvelles, contes, brachygrammes, poésies, prosoésies, ludilemmes, romans...

Découvrez les lalbehyrinthes, partez en exploration, perdez-vous éventuellement… Chacun d’eux possède une issue, mais chaque sortie conduit irrémédiablement vers un nouveau dédale. Les textes s’imbriquent et tissent une toile dont le motif général pourrait être le mien, ou celui de tout autre personnage, selon mon humeur. Bref, la vérité est – sans doute – ailleurs, ou ici, ou nulle part.

vendredi 18 décembre 2009

À seule faim

Sursauts, rebonds, et empreintes. Gibier agile en détalant forme trace, croupe bondissante, arrière-train véloce.
Et ces pas en ricochets perdurent, la neige étale trahit tout mouvement, participe à ma traque. Les éléments, comme moi, s’arment d’ardeurs toutes cynégétiques. Le vent même, en allié carnassier, apporte à mes naseaux l’arôme de chair terrifiée – la viande et l’effroi sont deux délices qu’il convient de ne jamais séparer. Un tremblement convulsif me secoue la colonne, mes omoplates tressautent à leur tour, mes cuisses reçoivent une décharge électrique : proie est en vue !
Plus impératives que toute raison, des gouttelettes de bave perlent à mes babines et mon souffle se saccade, des râles de désir vorace calent leurs rythmes sur celui de ma course ; la neige en cédant sous mes pattes produit un craquement faible et délicat. Le festin peine à s’échapper – plus il s’enfuit, plus il est proche : pauvre fin, inéluctable.
Le sang se répand, forme une arabesque presque japonaise sur l’immaculé d’albâtre. Mes yeux jaunes se plissent.

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Le printemps passe

Les oiseaux crient

Les yeux des poissons portent des larmes
(Bashō Matsuo)
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