Écritures, billets, nouvelles, contes, brachygrammes, poésies, prosoésies, ludilemmes, romans...

Découvrez les lalbehyrinthes, partez en exploration, perdez-vous éventuellement… Chacun d’eux possède une issue, mais chaque sortie conduit irrémédiablement vers un nouveau dédale. Les textes s’imbriquent et tissent une toile dont le motif général pourrait être le mien, ou celui de tout autre personnage, selon mon humeur. Bref, la vérité est – sans doute – ailleurs, ou ici, ou nulle part.

samedi 17 octobre 2009

[ʃyt]

Je reviens de loin, du pays des loups, du pays des fous, là où toute chose s'éternise cruellement et perdurent les tourments de l'absence. Le temps s’y écoule avec une horripilante parcimonie, comme retenu par un parachute.
Je reviens de loin, d'une terre étrange et étrangère où ta présence fait défaut, où ton image me nargue de sa silhouette en creux. Ton corps s'émousse, son souvenir à l'avenant, son désir toujours patent. Je songe à d'autres chairs, d'autres contacts délictueux, d'autres entractes délicieux, avec d'autres, beaucoup, énormément, jusqu'à en être ivre et inconscient. Jusqu'à en oublier le manque et, peut-être, retrouver le goût et le grain de peau, la saveur des sons, la caresse des liqueurs. Jusqu'à noyer la carence dans l'onde du rien – vide savoureux, texture subtile de l’inconscient, onirique et pathétique, en un sombre gouffre, vertical, abyssal, incommensurable. Chute !
Je reviens de loin, aussi loin que l’univers, que le noir infini où s’égarent les particules, où tanguent des planètes incertaines, des continents de feu, des fleuves de larmes. La voie lactée imite le geste de tes mains, vaste et péremptoire ; son contour en reste flou et j’en découpe les franges, fil à fil, jusqu’à la trame même, comme une Pénélope éplorée, et lasse. Ne parlons de rien, taisons les rides qui parcheminent nos épidermes et nos mémoires, fermons nos lèvres hermétiquement, ineffable mutisme. Chut !

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Le printemps passe

Les oiseaux crient

Les yeux des poissons portent des larmes
(Bashō Matsuo)
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