Écritures, billets, nouvelles, contes, brachygrammes, poésies, prosoésies, ludilemmes, romans...

Découvrez les lalbehyrinthes, partez en exploration, perdez-vous éventuellement… Chacun d’eux possède une issue, mais chaque sortie conduit irrémédiablement vers un nouveau dédale. Les textes s’imbriquent et tissent une toile dont le motif général pourrait être le mien, ou celui de tout autre personnage, selon mon humeur. Bref, la vérité est – sans doute – ailleurs, ou ici, ou nulle part.

samedi 25 avril 2009

Jours-y, jours-à

Jours de pluie en Normandie

Villégiature normande ; la côte et ses marées nous accueillent sous le regard plombé des nuages. Le ciel sans hauteur nous nargue d’une ondée, puis d’une pluie, enfin de rien d’autre que ses menaces.
Le vent souffle, glacial et presque constant. Nous disparaissons sous les chandails et les cirés, nous chaussons nos bottes de sept lieues pour arpenter la plage désertée par la mer lointaine. De petits rouleaux meurent au loin non sans nous avoir montré leurs dents d’écume.
Nous creusons le sable, nous ramassons les coquillages, nous fortifions nos châteaux de digues toujours détruites par l’eau, inexorablement.
C’est un spectacle rassurant que celui de ces gens, enfants et adultes, tous constructeurs ou excavateurs, architectes enthousiastes dont les réalisations seront toutes éphémères. Ici, rien ne dure, nul ne l’ignore, mais chacun s’applique à parfaire son œuvre sableuse. La nature règne en maîtresse, l’humain se plie à sa toute-puissance, il retrouve enfin la place qui est la sienne.
Et toujours le vent gifle nos joues, le sable griffe nos fronts.
D’aucuns préféreraient des cieux plus cléments et un climat plus tempéré. Pas moi ; je fuis la chaleur. Et ne faut-il pas mieux bâtir des châteaux – fussent-ils de sable – en Normandie qu’en Espagne ?

Jours écarlates à Houlgate

Le soleil règne enfin sans partage. Les vacanciers passent sans transition du blanc au rose rougeâtre. Un vent maritime et frais camoufle provisoirement la morsure brûlante de notre épiderme.
La plage est un spectacle à elle seule où se côtoient des individus en bottes et anorak et d’autres en maillots de bain. L’eau est glaciale, peu se baignent et toujours avec force cris. Les grands parents sortent leurs petits-enfants ; ceux qui n’ont pas de descendance promènent leurs chiens qui conchient allègrement les zones de baignades pourtant interdites aux bestioles à poils.
Des gamins courent en culotte ou pataugent dans les flaques laissées par la marée, d’autres ont pour consigne de jouer sans enlever leur pull, sans se tacher, sans se mouiller, sans s’éloigner.
Avec mes filles, j’élève des pyramides de boue cernées de douves salines que nous relions à la mer par un canal. La pelle s’active et nos mains fouissent ; nous excavons parfois un crabe. Je raccorde ce monument à un trou modeste – mais que l’imagination rend large et profond – empli d’eau baptisé « piège-à-enfants », dans lequel les filles enlisent leurs pieds en poussant des hurlements d’orfraie comme si elles étaient à la merci d’un ogre.
La journée s’achève par un tour de manège. Les enfants s’élèvent dans une soucoupe volante, s’envolent dans les bras d’un super-héros, le rêve est sans limite – pas comme la mer, toujours barrée d’un imperturbable horizon.


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Le printemps passe

Les oiseaux crient

Les yeux des poissons portent des larmes
(Bashō Matsuo)
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