Écritures, billets, nouvelles, contes, brachygrammes, poésies, prosoésies, ludilemmes, romans...

Découvrez les lalbehyrinthes, partez en exploration, perdez-vous éventuellement… Chacun d’eux possède une issue, mais chaque sortie conduit irrémédiablement vers un nouveau dédale. Les textes s’imbriquent et tissent une toile dont le motif général pourrait être le mien, ou celui de tout autre personnage, selon mon humeur. Bref, la vérité est – sans doute – ailleurs, ou ici, ou nulle part.

vendredi 13 novembre 2009

Goutte, etc.

Goutte après goutte, le ciel se vide inexorablement, avec parcimonie, retenant les larmes qui signifient sa fin. Passe un nuage pâle, trépasse sa nature lorsqu’il s’en vide, s’écoulant avec régularité, s’écrasant avec force sur les paysages immobiles, stupides de tristesse. Quelque vent balaie le rideau liquide, l’eau se penche pour mieux nous inonder, l’eau s’épanche pour mieux nous embrasser, étreinte aqueuse, caresse moqueuse.
Joute après joute, nous combattons jusqu’à l’épuisement, éreintés de ces querelles où s’enlisent les gestes, les regards, les soupirs, tous tyranniques. Un mot en bouscule un autre, une phrase intervient, grimpe à portée de voix, hausse d’un ton ; la parole s’arme de vocabulaire, assène ses coups grammaticaux, émaille le tout de vulgarités, de vérités aussi. Les coups sont retenus mais ces quelques lettres font leur office, les consonnes frappent et l’émotion se vocalise outrageusement.
Route après route, je promène ma carcasse, pas à pas, au rythme répétitif de mes semelles. Ma silhouette d’abord fière s’est courbée d’usure, le temps s’amoncelle sur mon échine, comme une petite machinerie sournoise et inexorable. Rien ne saurait pallier le sautillement de l’absence, rien n’est plus patent que la disparition.
Doute après doute, je chemine vers toi ; l’âtre refroidi lance ses cendres à mon visage, me barbouille de culpabilité. Mes yeux scrutent le sol avec humilité, épient les murs où survit peut-être ton ombre, supplient les plafonds qui tout observèrent.
Toutes choses disparues, empreintes de nostalgie – tes lignes enfuies, leurs contours où se dessine ton nom, en creux, en rien.

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(Bashō Matsuo)
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