Écritures, billets, nouvelles, contes, brachygrammes, poésies, prosoésies, ludilemmes, romans...

Découvrez les lalbehyrinthes, partez en exploration, perdez-vous éventuellement… Chacun d’eux possède une issue, mais chaque sortie conduit irrémédiablement vers un nouveau dédale. Les textes s’imbriquent et tissent une toile dont le motif général pourrait être le mien, ou celui de tout autre personnage, selon mon humeur. Bref, la vérité est – sans doute – ailleurs, ou ici, ou nulle part.

lundi 17 juin 2013

COIN ! (JPH n°161)

Jeu littéraire du forum A vos plumes : écrire un texte dans lequel le narrateur se réveille de façon inattendue à bord d'un vaisseau spatial. Ledit narrateur devra être un individu ordinaire d’aujourd’hui et le seul protagoniste humain.

Je me réveille à 3 heures du matin avec la gueule de bois. Enfin, je dis 3 heures, mais je suis trop bourré pour regarder ma montrer. Disons que c’est le milieu de la nuit. À peu près. Je m’extirpe de mon habitacle, un vaisseau spatial recouvert de paillettes argentées, sans doute pour lui donner un air futuriste. Je manque de m’étaler en sortant ; je ne me rappelle même plus avoir grimpé dans ce manège. Devant moi, un couple de chevaux en bois caracolent en trémoussant leur croupe de jeune fille – je hais les canassons. Il y aussi un rat géant au sourire ridicule qui porte une salopette et traîne une carriole d’un air goguenard. Vermine de souris ! Est-ce que j’ai envie de rigoler, moi ? 
Et cette fête foraine est minable, encore plus à cette heure où tout est fermé. Il y a bien quelques autos-tamponneuses. Dans la pénombre on dirait une série de barques mortuaires ; ça fait froid dans le dos ! Et ça me donne la nausée. 
Le pire, c’est bien le stand de pêche aux canards. Ils sont là, bêtement alignés, à me narguer. Des gros. Des petits. Saleté de canards !!! 
À MORT LES CANARDS ! 
Du canard à l’orange, tu parles ! Du canard au sang plutôt ! 
Et l’autre qui m’a largué, l’autre avec sa voix de canard justement. J’en ferais bien du pâté ou des rillettes ! Mais est-ce qu’on fait des rillettes de canard ? Et l’autre ? Je lui serrerais bien le cou aussi, si j’avais le courage. 
AH, JE N’AI PAS LE COURAGE ! TU VAS VOIR ÇA, LE CANARD !!! 
J’ai attrapé une des bestioles qui flottait dans son bac et je l’ai balancée au milieu des autos-tamponneuses. ET COIN ! Dommage que ce ne soit pas la tête de l’autre. Mais ça, c’est vrai, je n’aurais jamais osé. 
Hop, un autre canard, un petit, sans défense, con comme une poule, il n’a même pas protesté. Sur les autos-tamponneuses ! COIN COIN ! Si l’autre avait été aussi tranquille, j’en aurais fait trois bouchées et j’aurais aussi jeté les morceaux. Et vlan, un autre caneton ! 
Re-COIN !!!! 
La fraîcheur de la nuit me fait du bien, et l’eau qui gicle des canards à chaque lancer également. C’est là que je m’aperçois que la pseudo soucoupe volante dans laquelle j’ai dormi porte le numéro 2. Le numéro 2 ! C’est bien ce que j’étais pour l’autre, c’est bien ce que je suis ! Sale OVNI ! Prends ça ! Paf, un canard dans la tronche ! COIN ! et encore un ! COIN ! Et encore ! 
Les volatiles se laissent balancer sans broncher, le bac se vide au fur et à mesure de ses occupants. Animaux inutiles, animaux stupides. Le vaisseau spatial pailleté se remplit petit à petit, mais son numéro me défie toujours. Je m’approche du manège en regardant bien le 2 dans les yeux. Pour une fois que j’ose regarder quelqu’un dans les yeux… Mais quand j’aperçois tous les cadavres de canards empilés dans la nacelle, je perds mes moyens. Je ne suis pas un tueur de canard… C’est l’autre qui a fait ça de moi. Je m’effondre, j’hésite entre pleurer et vomir. Mais l’un comme l’autre, quel triste sort pour des palmipèdes… 
Je suis un pleutre. Et je sais bien ce que l’autre aurait dit : t’es un dégonflé ! Tout ce que tu mérites, c’est d’aller au coin. Au COIN ! COIN ! COIN ! 
COOIIIINNNNNNNNNNN !!!!!

1 Comment:

Lunatik said...

Je coinstate qu'on s'éclate comme un ptit fou, par ici...

Le printemps passe

Les oiseaux crient

Les yeux des poissons portent des larmes
(Bashō Matsuo)
Accueil

Retour à l'haut de page