Écritures, billets, nouvelles, contes, brachygrammes, poésies, prosoésies, ludilemmes, romans...

Découvrez les lalbehyrinthes, partez en exploration, perdez-vous éventuellement… Chacun d’eux possède une issue, mais chaque sortie conduit irrémédiablement vers un nouveau dédale. Les textes s’imbriquent et tissent une toile dont le motif général pourrait être le mien, ou celui de tout autre personnage, selon mon humeur. Bref, la vérité est – sans doute – ailleurs, ou ici, ou nulle part.

mardi 12 juillet 2011

Horloge andronique (ζ – Lips, seuil contraire)

Un temps, j’ai vieilli ; mes doigts ont poussé, croches, tarentuleux – un temps seulement. Puis le processus s’est inversé, comme l’est toujours le souvenir, s’amenuisant, tentant de laisser trace dans l’océan. Tu as accroché ton corps à la poupe du navire, sans doute pour narguer le passé et tu as imploré les vents, tu les as suppliés afin que, favorables, ils renversent la marche des marées, le cours des nycthémères même. Et par leur intercession, la nef s’est entichée d’une avancée négative et toi, sous les reins de la lassitude, tu as détourné ton regard, enfin proue, enfin sauvage.
L’eau s’est écoulée – avec gaieté ? avec paresse ? – avec constance assurément. J’ai posé mon doigt au cœur de la clepsydre, son intérieur a crissé sous ma pulpe, seuls y demeurent quelques signes épars d’humidité. D’autres bourrasques sauraient-elles pousser vers moi des nues amoureuses, porteuses en leur sein d’une vie aqueuse ?
Je tourne autour du bâtiment, j’en cherche une entrée, à moins qu’il ne s’agisse d’une issue, un passage étroit et symétrique, comme l’était ta figure navigatoire. Les aiguilles des boussoles, déraisonnables, ne pointent que leur ignorance ; elles s’affolent, petits spasmes métalliques, sextants en rade, radars à leur tour déboussolés.
J’ai jeté une pierre dans l’océan, les rares vagues n’en ont pas même étouffé le bruit. J’y ai précipité une seconde, puis une autre, inlassablement. Dans un millénaire, dans un million d’années, j’aurai construit un gué vers l’horizon. Sauf à ce que quelque météore n’entraîne la destruction de la terre. Quelque météore ou mon inconscience.

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